Entretien

Tonton du rap

Après 25 ans de carrière et “50 disques d'or” avec le 113 et la Mafia K'1 Fry puis en solo, Rim'Ka vu le rap français naître, grandir, s'imposer partout et devenir “la musique de toutes les musiques”. Il fait aujourd'hui le bilan, calmement.
  • Par Gnamé Diarra, Noémie Pennacino et Vincent Riou
  • 21 min.
  • Interview

Tu es né à Vitry, mais rapidement, ton père a décidé de renvoyer toute la famille en Algérie, même si lui continuait de bosser en France. C’est ça? Exactement, il travaillait dans les travaux publics, ma mère s’occupait de nous. J’étais le dernier des cinq enfants. Mais quelques années plus tard, j’ai eu un accident, je me suis brûlé gravement avec, comment vous expliquer… C’est un four bizarre du bled, dans le sol en fait. Je jouais pas loin et j’ai mis la main dedans. Donc on est rentrés en France pour me soigner, j’avais peut-être 4 ans et pas conscience d’être né là. Et on n’est jamais repartis.

Raconte-nous le Vitry de ton enfance. C’est la vie en bas du bloc. C’est pas une période cool, les années 1980 dans les quartiers. Il y avait l’héroïne. On n’en parle pas beaucoup, mais c’était une hécatombe. Un matin en allant à l’école, j’ai vu un des anciens que je préférais allongé sur la pelouse, mort d’une overdose. On a vu plein de grands tomber. C’étaient les années sida aussi, plein de toxicos en sont morts derrière. Mais même si c’était une période dure, j’échangerais ma jeunesse pour rien au monde. Il y avait une solidarité comme j’ai rarement vu. C’était comme une grande famille.

Society #220

Deux personnes avec des micros chantent devant un montage d'immeubles résidentiels et un champ avec des vaches.
Sipa / Gelebart (X2) - AFP / Photononstop - REA / ©Gio Staiano

L'enfance de l'art

Les deux frères qui forment PNL ont accumulé des millions de vues sur YouTube, sorti trois albums tous certifiés disques d'or, ils ont popularisé une allure, un spleen, un son. Mais ils n'ont jamais donné une interview. Ils vivent où ça leur chante, ne s'affichent pas sur les réseaux. Ils cultivent leur propre secret. En 2016, dévoilait une partie du mystère, celui de leurs premières années. Qui conduisaient en Corrèze et dans les bureaux de Serge Dassault.

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