
“Si je devais résumer Elon, je dirais qu’il cherche ce que les Grecs appelaient ‘kleos’. C’est-à-dire la gloire éternelle pour l’accomplissement de grandes œuvres.” L’homme qui tient ce discours s’appelle Robert Zubrin, il est ingénieur en aéronautique. Il a rencontré Musk au début des années 2000. Alors que les cendres du World Trade Center fument encore, Elon Musk, 31 ans, vient de survivre à l’explosion de la bulle Internet et à l’effondrement des bourses américaines. Mieux, il a les poches pleines.
Cofondateur de PayPal, revendu à eBay, il collectionne tous les clichés: voitures de luxe, jet privé, etc. Mais en vrai, Elon Musk entretient des aspirations hors du commun. Il n’aime pas l’argent, mais plutôt les possibilités offertes par l’argent. C’est peut-être ce qui le distingue de la cohorte des multimillionnaires générés par la Silicon Valley. “Plus que Mark Zuckerberg ou ce genre d’entrepreneurs de la Silicon Valley, Elon Musk me fait penser aux grands industriels du XIXe siècle, comme Andrew Carnegie ou Henry Ford: de grands optimistes qui voulaient changer le monde via l’industrie, pour le meilleur ou pour le pire”, analyse Fred Turner, professeur de communication à l’université de Stanford et auteur de plusieurs livres sur la Silicon Valley. Fortune acquise, Musk a choisi ses rêves: coloniser Mars via sa société SpaceX puis créer la “Ford du futur” 100% électrique via Tesla, le constructeur automobile qu’il a racheté. Il a aussi financé SolarCity, l’un des leaders du marché photovoltaïque aux États-Unis, et développé les plans de l’Hyperloop, un nouveau mode de transport pneumatique à grande vitesse, avant de les publier en open source. Au début, peu de gens le prenaient au sérieux. Aujourd’hui, certains voient en lui l’incarnation d’Iron Man, personnage de comics dont il a inspiré la version cinéma, quand d’autres crient à l’imposteur. “La clé pour comprendre Elon Musk, c’est de partir du principe qu’il souhaite sauver l’humanité, explique Robert Zubrin, avant de marquer une pause. Il aimerait sauver l’humanité, oui, mais il veut surtout en obtenir tout le mérite.”