
Fin novembre 2024, un concert de Theodora s’annonce. Un petit concert, donné sur le petit dancefloor d’un petit club parisien, dans un décor de centre de Paris, où les dealeurs de liquide à e-cigarette se disputent le monde d’après avec des sandwicheries aux saveurs plus ou moins exotiques. Le live, d’une durée estimée à 30 minutes, est prévu autour de 3h. À 23h30, devant la porte du Sacré, Dalton -physionomiste à barbe rousse qui se définit lui-même comme “un boomer de 37 ans, qui ne capte rien aux délires rap” – n’aime rien de plus que donner des sueurs froides aux étudiants en keffieh, jeunes filles en bas résille et créatures LGBT à cheveux roses: “Messieurs-dames, bonsoir! Mettez-vous sur le côté!” À l’intérieur, sous un éclairage rouge vif, la chanteuse de 21 ans et son grand frère, Jeez Suave, 25 ans, effectuent les derniers réglages. Jeez triture son MacBook et joue sur des effets prévus pour doubler la voix en cas de coup de mou. Noé Grieneisen et Paul Steiner, deux Mulhousiens comme sortis d’un film indé US des années 1990, distribuent du “Comment il va, le sang?” aux invités de leur guest list. Le premier porte une sacrée paire de Crocs et peut monter très haut quand il est lancé sur son sujet préféré: Diego Maradona. Moins volubile, le second affiche une longue chevelure de geek. L’aventure musicale et managériale qu’ils ont engagée avec Theodora et Jeez Suave a beau décoller enfin, les habitudes persistent: siroter des boissons énergisantes comme du nectar millésimé, se faire une partie de Minecraft, consumer des joints de beuh à la vitesse de la 5G.