
Du champagne, de la galette des rois et un grand sourire. Voilà avec quoi Wallerand de Saint-Just accueille ses visiteurs au Conseil régional d’Île-de-France en ce soir du jeudi 28 janvier. Autour de lui, la centaine de personnes venues écouter les vœux du président du groupe Front national ressemble à l’image modelée par Marine Le Pen depuis son accession à la tête du parti et le début du processus de “dédiabolisation”. Bienvenue aux looks de cadres de PME et à la jeunesse qui semble sortir d’école de commerce pour filer droit dans une start-up. À quelques mètres d’une affiche représentant sa barbe et ses lunettes à la manière d’un logo stylisé, Saint-Just, “catho tradi” qui appelait pendant sa campagne les hipsters à voter pour lui, peut jubiler. Le FN, qui n’avait plus un seul élu à la région depuis les élections de 2010, vient de faire son retour avec 22 sièges. Et parmi cet effectif, un homme symbolise plus que les autres ce Front qui tente de nettoyer son passé et d’appliquer un peu de crème de jour sur son présent ; carrure de sportif, yeux perçants, Jean-Lin Lacapelle fend la foule, tend une main à la fois énergique et chaleureuse, puis s’excuse: “Je dois vous laisser, j’ai un dîner avec d’anciens collègues.”
“Pendant 25 ans, dans le privé, je n’étais pas libre, j’ai fermé ma gueule en me disant: ‘Jean-Lin, le job, le job.’ Pour la première fois, je peux dire à tout le monde: ‘Je vous emmerde’”