
C’est un début de soirée avignonnaise, et la France a failli perdre son premier député antifasciste. À peine sortie des murs d’enceinte de la cité des Papes, la voiture de Raphaël Arnault est passée à un coup de volant de percuter une Clio lancée à pleine vitesse. “Wesh le sang! Tu roulais à contresens! Je te dis ça pour ta santé, hein!” lance un passager de la Renault au militant LFI qui conduit le véhicule du nouvel élu de la première circonscription du Vaucluse. Ce dernier est pressé en cette mi-octobre ; les dossiers et les rendez-vous s’empilent. En moins de 24 heures, Raphaël Arnault va enchaîner un entretien avec des sociologues, un hommage à une militante locale, une réunion avec une association de quartier, puis un après-midi de “forum antifasciste” en bordure d’Avignon. Surtout, celui qui s’estime alors en “stage d’observation” à l’Assemblée nationale a été jeté dans le grand bain d’une situation sans précédent, entre les blocages parlementaires, la nomination de Michel Barnier, les interminables négociations sur le budget et une censure inédite du gouvernement. En poste à la commission des affaires culturelles et de l’éducation, Arnault vient alors de déposer ses premiers amendements au projet de loi de finances et bosse sur les prochains, mais le sujet qui l’occupe le plus, c’est la boule puante envoyée par le Rassemblement national (RN) à la gauche: pour diviser le Nouveau Front populaire (NFP), les troupes de Marine Le Pen s’apprêtent à proposer l’abrogation de la réforme des retraites.