
2. Un homme “envoûtant”
Qui était Yvon Gérard? Tous ceux qui l’ont connu dressent le portrait d’un homme qui vivait à 100 à l’heure. Le genre à se lever aux aurores après s’être couché tard, à écrire à son moto-taxi à 5h et à envoyer son premier mail à 6h, avant d’aller courir une heure et demie, puis de se remettre devant l’ordinateur sitôt rentré. La journée se prolongeait ensuite jusque dans la nuit. Yvon Gérard travaillait entre deux villes, vivait entre deux trains, ne coupait pas avant 23h. Mais il aimait aussi bousculer cette routine. Le notaire pouvait prendre un avion sur un coup de tête pour aller assister à un concert à Manchester, courait des marathons et se lançait régulièrement dans des projets fous, comme par exemple ceux de traverser l’Atlantique en bateau ou de grimper le mont Elbrouz, le plus haut d’Europe, dans le Caucase. Il parvenait toujours à dégager du temps pour ses amis, également, avec qui il partait faire des tours à vélo autour du monde: en Afrique du Sud, en Patagonie, en Jordanie. “Yvon, c’est un concentré entre la fougue, le talent et la folie qui l’animait, à croire que rien n’était impossible. C’est la définition du personnage. Il est assez dingue tout en essayant de calibrer et d’étudier une démarche. Il avait une capacité d’entraînement des gens autour de lui assez incroyable. Il était assez envoûtant.” Le compliment, qui emploie le passé et le présent, comme souvent avec les phrases qui évoquent Yvon Gérard, est signé Éric Lucas, adjoint au maire de Metz, délégué aux finances de la ville et ancien actionnaire de l’Open de tennis de Moselle, dont Yvon Gérard fut longtemps le cerveau, le fondateur et l’homme à tout faire. L’une des différentes lignes d’un CV multicarte construit comme un ensemble de poupées russes, où une activité en cachait toujours une autre.