Story

L’effroyable succès

On nous cache tout, on nous dit rien. Si le complotisme est désormais partout dans la société française, il le doit en partie au 11-Septembre et au livre qui, le premier et grâce à la puissance de l'Internet naissant, sut cristalliser tous les doutes et amalgamer toutes les conspirations possibles sur l'événement: L'Effroyable Imposture, de Thierry Meyssan. Flash-back.
  • Par Victor Le Grand
  • 19 min.
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Un livre ouvert avec deux morceaux de papier découpés en forme de lettres ou de chiffres, émergeant de ses pages, créant un effet visuel en trois dimensions.
Photos: Studio Pégase pour Society

Quand il commet une erreur, Thierry Ardisson ne s’excuse “jamais”. Du moins sur le moment. Car rétrospectivement, après 35 ans de carrière à la télévision, l’animateur, 72 ans aujourd’hui, reconnaît tout de même deux “grosses fautes professionnelles”. La première: s’être fait “gauler” pour avoir “pompé” plusieurs pages d’un autre livre quand il a écrit Pondichéry, son roman publié en 1993. La seconde, dix ans plus tard: “Meyssan”, résume l’ancien publicitaire, tel un concept. Le 16 mars 2002, Ardisson reçoit Thierry Meyssan dans son talk-show phare du moment, Tout le monde en parle, diffusé sur France 2 chaque samedi en deuxième partie de soirée.

L’auteur est là pour parler de son dernier livre, L’Effroyable Imposture, sorti quelques jours plus tôt et dans lequel il remet en cause la version officielle des attentats du 11-Septembre. Étonnamment, les 30 minutes d’interview passent sans le moindre accroc. “Je l’ai laissé dérouler son truc sans prendre de précautions oratoires, admet aujourd’hui Ardisson. Je n’aurais peut-être d’ailleurs pas dû l’inviter, mais à l’époque, j’enregistrais deux émissions par semaine, je travaillais jusqu’à minuit tous les soirs, je me levais aux aurores, j’écrivais des fiches toute la journée… Je n’ai pas fait gaffe.” Sur le plateau, la comédienne Hélène de Fougerolles et le duo comique Bruno Solo & Yvan Le Bolloc’h non plus ne font pas gaffe. Les invités semblent intéressés, pour ne pas dire subjugués par ce qu’ils entendent. “Je sens qu’on ne va pas s’ennuyer ce soir”, lâche Le Bolloc’h en début d’entretien. “Si j’avais été avec BHL et André Glucksmann, bien sûr que ça ne se serait pas passé comme ça, imagine Ardisson. Mais là, on était un peu comme deux potes qui fument un joint et qui se laissent porter par le délire du type. Le problème, c’est qu’après l’émission, il y avait la queue dans les librairies.”

11 septembre 2001 - Le jour qui a changé le monde

Society #164

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