Ma cousine et moi, petits, on avait un jeu: on faisait des tours dans la campagne avec mon grand-père, et on devait deviner quels étaient les oiseaux. Il y avait un barème, en fonction de leur rareté. Les oiseaux les plus communs, les pigeons, les moineaux, les tourterelles, ne valaient qu’un point. Ceux qui valaient deux points, c’étaient surtout les buses. On dirait des aigles, mais c’est pas des aigles. C’est des rapaces un peu gros, qu’il ne faut pas non plus confondre avec les milans qui, eux, valaient trois points. La queue du milan forme un M -c’est pour ça qu’on l’appelle milan. Il y avait les huppes, qui valaient trois points aussi parce qu’elles sont très rares, elles n’apparaissent qu’un mois dans l’année en France, pour la nidification. C’est des petits oiseaux, très jolis, très colorés, avec une huppe sur la tête, qui mangent les insectes dans le caca des vaches. Je n’en ai trouvé qu’une seule. Personnellement, j’adore le condor. Son envergure peut atteindre trois mètres, et c’est fascinant de le voir voler parce qu’il n’émet aucun battement d’ailes, il utilise les courants d’air, chaud ou froid. À l’inverse, le colibri me fascine aussi parce qu’il est tout petit, et c’est l’oiseau qui a le battement d’ailes le plus rapide. Il y a des insectes plus gros que lui, c’est fou! Un jour, en vacances au Costa Rica, je tombe sur un colibri. Je demande au guide: ‘Monsieur, est-ce que c’est bien un colibri que je viens de voir?’ J’avais les larmes aux yeux.”