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Les 70 participants du championnat de France sont venus par leurs propres moyens. Au milieu du public attentif mais clairsemé, on retrouve les habitués de Velizy musculation, les ferristes du rocher et les redoutables Lynx de Strasbourg.
La compétition se déroule dans un franc esprit de camaraderie. Impeccable, l'organisation est saluée par tous tandis que l'affluence est satisfaisante pour une discipline encore confidentielle.
“J'ai commencé en 2011, c'est la première fois que je vois autant de monde en France pour du bras de fer”, se réjouit le solide Aymeric Pradine, exilé en Belgique. “On est à peu près 40 ferristes de bon niveau en France, complète Ciprian, un Roumain à la moustache bien taillée, qui tient un stand d'accessoires à l'entrée. Mais bon, pour la presse on dit 200.”
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Si elles restent rares, les blessures existent à cause de l'intensité des combats. “Le plus dangereux, c'est la fracture de l'humérus! J'en ai vu cinq ou six dans toute ma carrière. C'est terrible car il pète en morceau, détaille Alain, visiblement marqué. On entend bien le son, c'est le bruit d'une branche qui craque. Le plus souvent, cela vient d'une mauvaise position des bras.”
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Pour bien accrocher le poignet de son adversaire, on se talque les mains avant chaque combat.
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En attendant de monter sur scène, le principal souci est de rester chaud. En général, on boit des canettes de Red Bull ou on s'applique des crèmes chauffantes sur les muscles. Les plus motivés se versent des sachets de poudre dans leur Powerade, à l'image de Ciprian: “Il n'y a rien d'interdit. Un peu d'arminien, de beta-alanine et de créatine, ça donne de l'énergie.” Taboue, la question du dopage ne laisse personne indifféren: “Il n'y a pas de contrôle antidopage en France, ça coûte trop cher, explique discrètement Aymeric, en regardant la salle clairsemée. Ici, c'est sûr qu'il y en a certains qui sont chargés, mais bon, on n'est pas pires que Lance Armstrong, Usain Bolt ou Asafa Powell…”
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Ciprian regrette l'inaction de la fédération: “Ils ne sont pas passionnés, ils pourraient faire beaucoup plus, il n'y a pas assez de réunions, la promotion est nulle. J'essaie de les entraîner mais ils ne m'écoutent pas vraiment. Si t'as pas de résultats sportifs, on ne te prend pas au sérieux alors que ce qui compte, ce sont les idées.” Aymeric confirme: “Il y a beaucoup de guerres d'ego et de jalousies cachées. Moins on est nombreux, moins on s'aide, plus on se tire dans les pattes. L'émulation n'est pas positive, ça parle dans le dos, même si cette année, il faut reconnaître que l'ambiance est plutôt bonne.”
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Les championnats 2015 ont été l'occasion de s'expliquer avec Grégory Schneider, le président de la fédé. Les différends semblent aujourd'hui aplanis et les ferristes français sont désormais tournés vers de nouveau projets, bras dessus, bras dessous.
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Motivé comme jamais, Ciprian est de loin l'un des plus passionnés. Tellement qu'il a créé sa propre compétition internationale, X-Men Armwrestling. “J'ai investi 28 000 euros pour organiser des tournois plutôt que de partir en vacances. Ma femme me fait la gueule, mais j'aime trop la compétition.” Cette volonté de faire progresser sa discipline, il s'en explique simplement: “Je suis entrepreneur de caractère et de sang, je croise des opportunités partout. Récemment, j'ai créé mon shop Internet et j'ai commandé dix tables de bras de fer pour mon club. Cela m'aurait coûté 500 euros pièce normalement mais j'ai appelé un constructeur en Roumanie qui me les livre 290 euros l'une. J'ai aussi ma salle à Colombes, je vise les 100 adhérents à moyen terme. C'est dur, mais je vais y arriver.”
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“Alain est limité par l'âge mais c'est un vrai combattant, détaille Ciprian. Son point fort c'est la pronation des biceps, il est très fort avec les poignets. Il n'a qu'un style mais il le maîtrise à la perfection.” Pour son grand come-back après trois ans en retrait, l'ancien champion du monde a pourtant dû s'incliner en finale, affaibli par deux vertèbres déplacées.
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“Moi, j'imagine que mon adversaire fait mal à un chien, comme ça, j'ai envie de l'exploser [...] Si tu touches à ma fille, mon clebs ou ma Camarro, je peux m'énerver. Et quand je m'énerve, ça fait mal.” Gilles, tourneur-fraiseur dans le civil.
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Les championnats de France ne concernent pas seulement les tricolores. “La règle, c'est que si tu séjournes depuis trois ans dans le pays d'accueil, tu as le droit de combattre pour ce pays, explique Alain, très fier du cosmopolitisme de Velizy musculation. On a des Roumains, des Tchétchènes, des Turcs, des Serbes… On va pas se mentir, c'est un sport de migrants. Moi-même, à la base, je suis Arménien.” Les spécialistes de la discipline viennent tous des pays de l'Est. “En France, on est personne, on est des touristes au niveau mondial, on se fait plier en deux minutes”, regrette Ciprian, qui espère briller aux prochains championnat d'Europe, en Bulgarie.
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“Je suis un pur autodidacte, j'ai commencé le bras de fer vers 48 ans. Avant, j'ai été boucher, judoka de haut niveau et videur de boîte.” Alain Lanique, 140 kilos, l'un des ferristes français les plus respectés, en plus d'être le boss de Velizy musculation.
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“Quand tu montes sur l'estrade, tu n'es plus pareil, tu as beaucoup de pression. En finale, il faut tout envoyer, tu peux tout perdre en une fraction de seconde, deux défaites te disqualifient. Il faut jouer ta vie, tu es comme un taureau lâché dans l'arène.” Julien Dettinger, trois fois champion de France.
Au go de l'arbitre, les ferristes doivent tout lâcher. Il n'y a pas que le tour de bras qui compte, il y a aussi la stratégie, la rotation du poignet et, surtout, la vitesse de réaction. Les différents profils peuvent s'annuler car chaque style a sa faiblesse et sa particularité.
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Le placement des mains est très important et peut donner dès le départ un avantage décisif. Si bien que, parfois, quand aucune position n'arrive à être trouvée ou que les bras bougent trop, on se retrouve obligé de sangler les concurrents. Pour des combats qui durent parfois moins de deux secondes.
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Bénévoles, les arbitres sont au nombre de deux par table pour éviter les interprétations trop hâtives. Ce qui n'empêche pas les contestations…