
David Quammen ne se souvient pas du moment exact où il a entendu parler du Covid-19. Peut-être parce que les choses se sont vite précipitées depuis, peut-être parce que la possibilité d’une épidémie sommeillait depuis longtemps dans son esprit. Mais il se rappelle comment ça s’est passé, dans sa tête et dans celle de ceux qui vivent comme lui avec cette petite voix. Au début, “on entend dire qu’il y a une nouvelle maladie en Chine, ça pourrait être n’importe quoi”, explique-t-il. Puis, vite, cela se précise: “On apprend que c’est une maladie respiratoire – mauvais signe –, puis que ça a commencé dans un marché à Wuhan – aïe, ça vient d’un animal.” On ne le dit pas mais on le pense et, finalement, le mot tombe: coronavirus. “Là, c’est la panique. Les scientifiques du monde entier savent déjà ce qui nous attend.” David Quammen, lui, n’est pas scientifique. Il est journaliste. Mais il savait aussi. Il savait depuis 2012 et l’écriture de son livre Spillover: Animal Infections and the Next Human Pandemic (en français, Débordement – Les Infections animales et la prochaine pandémie humaine), dans lequel il rappelle qu’environ 60% des virus, dont Ebola, le VIH, Hendra, Zika, et le SRAS, viennent des animaux. “Quand un virus passe de son ‘hôte réservoir’, l’animal dans lequel il vit sans provoquer de symptôme, à sa première victime humaine, on appelle ça un ‘spillover’, un débordement”, dit-il pour justifier le titre de son livre.