
À cette époque, les al-Hilli sont des Bagdadis de la classe moyenne supérieure. Le père, Khadem, est un entrepreneur. Il s’est lancé dans les affaires avec une usine de briques, puis de plâtre, et une autre de tapisserie. Il vend aussi de la volaille, dont il importe les œufs du Liban avant de les mener à terme dans sa couveuse. Bourreau de travail, capable de rentrer à 3h couvert de poussière, il trouve malgré tout le temps de dessiner et de construire une maison moderne dans la capitale irakienne. Sur l’album photo de la famille défile l’histoire de la vie des al-Hilli dans le Bagdad des années 1960: Zaïd sur sa première bicyclette, les frères dans la piscine gonflable de jardin, les jeux avec les cousins du même âge qui habitent la maison voisine. Chaque année, la famille voyage, toujours en voiture, au Moyen-Orient ou en Europe. En 1964, les al-Hilli roulent jusqu’à Stuttgart, d’où Khadem rapporte une Mercedes sortie de l’usine. Puis, ils séjournent quelques semaines à Genève avec des cousins. De là, la famille fait des excursions vers la France voisine. Sur l’une des photos, on voit tout le monde poser dans un paysage alpin. Ils sont sur les bords du lac d’Annecy, devant un ponton de pédalos, le mont Veyrier en arrière-plan.