
Jordan Bardella égrène des lignes de CV à n’en plus finir. “Analyste, spécialiste du débat public depuis près de 30 ans, politologue, essayiste.” Beaucoup de mots pour introduire aux membres de son parti celui qui est censé “accompagner la montée en gamme” du Rassemblement national: Jérôme Sainte-Marie. Ce mardi 21 mars 2023 à la Maison de la chimie, à Paris, les deux hommes présentent le Campus Héméra -du nom de la déesse grecque de la lumière du jour–, soit “l’école des cadres, un projet de long terme”, selon le président du parti d’extrême droite. Au programme: des cours en ligne sur l’école, la gestion de l’eau, l’immigration ; un podcast hebdomadaire ; des fiches de lecture ou des longues interviews vidéo d’habitués des plateaux de CNews, accessibles à tous les militants. “Notre objectif est de conquérir le pouvoir le plus vite possible. […] Et nous voulons promouvoir une nouvelle élite issue du peuple”, embraye Bardella, avant de laisser la parole à son binôme d’un soir. Fort de son pedigree, Sainte-Marie donne le change en citant des concepts de sciences politiques, comme “la rétribution symbolique du militantisme”. Puis il évoque un ultime module: une vidéo de 1h12 sur “l’histoire de l’extrême gauche trotskiste”, éditée par lui-même. “C’est le fruit de lectures, essentiellement”, lance-t-il à l’assemblée. Ce qui n’est pas tout à fait vrai. Si Jérôme Sainte-Marie est aussi familier de la gauche et même des trotskistes, c’est parce qu’il a longtemps été de leur côté, avant d’entamer sa médiatique carrière de sondeur. Comment expliquer ce basculement?