
Un espace de travail proche du Champ-de-Mars, auquel on peut accéder après une enfilade de couloirs. À l’intérieur, que du provisoire: un bureau IKEA monté à la hâte, des chaises sans garantie de confort. Deux ordinateurs portables, une boîte de bonbons, plusieurs bouteilles d’eau aromatisée au citron et, sur le rebord de la fenêtre souvent ouverte, un solide monticule de mégots.
Teint hâlé et visage juvénile, Antoine Chevrollier, dont la diffusion de la mini-série en quatre épisodes Oussekine démarre cette semaine sur Disney+, vibrionne. Dégaine entre le rockeur alternatif et le basketteur amateur, il dégage la même ferveur qu’un John Cassavetes bien dans l’action, la tchatche et les fumées de blondes. Parfois, tout part d’une chanson issue du répertoire musical traditionnel de Franche-Comté, d’autres fois de références au r’n’b auto-tuné et morose pratiqué par Lala &ce. D’autres fois encore, ce sont des références aux livres de Pierre Bourdieu, de James Baldwin. Il sera temps ensuite de touiller, avec précaution, ce breuvage, et d’y ajouter quelques références puisées dans la cinéphilie et la “sériephilie” -de la deuxième saison d’Euphoria aux paysages mélancoliques de l’Amérique provinciale de Friday Night Lights ou True Detective, dans lesquels il reste possible d’écrire pas mal de mythologies. C’est ainsi qu’Antoine Chevrollier visualise le monde de la série et du cinéma, maintenant que les deux sont à égalité.