
Soi-disant bloqué à Cuba le 9 juin 2019, John McAfee prend la parole sur Twitter, sa plate-forme de choix depuis plusieurs années: “J’ai récupéré des documents sur la corruption des gouvernements. Pour la première fois, je vais donner des noms et des détails. À commencer par un agent de la CIA corrompu et deux officiels bahamiens. Si je suis arrêté ou si je disparais, plus de 31 téraoctets de données incriminantes seront livrés à la presse.” Un mois plus tard, le 23 juillet 2019, le milliardaire se fait pincer en République dominicaine sur son yacht, où les autorités ont trouvé “une cache d’armes”. Il est relâché, sans trop que l’on sache pourquoi. Puis à la fin novembre de la même année, McAfee se fait tatouer sur le bras “$whackd”, une variation de “zigouillé”, en VF, et augmente la mise sur Twitter: “Si je me suicide, ce n’est pas vrai. Je me suis fait zigouiller.” La suite sera du même acabit. Pendant un an, alors que le monde entier vit au rythme des soubresauts de la pandémie de Covid-19, ce que donne à voir sur les réseaux sociaux le petit génie de l’informatique devenu en 30 ans un personnage de polar oscille entre destinations paradisiaques d’homme d’affaires prospère, existence de hors-la-loi recherché par les autorités et parano extrême. Jusqu’à ce que le 3 octobre 2020, McAfee tombe pour de vrai, en Espagne, à quelques heures d’un vol qui devait l’emmener en Turquie. Le motif de son arrestation est moins glamour que la vie qu’il s’est écrite depuis qu’il est devenu richissime en 1987 en inventant le logiciel antivirus qui porte son nom: évasion fiscale. Il faudra attendre huit mois pour que, depuis sa prison espagnole, le septuagénaire, réclamé par la justice américaine, prenne à nouveau la parole, dans une vidéo au même ton alarmiste.