PORTRAIT

La fille qui rêvait de sauver la planète

La lutte contre le réchauffement climatique aurait-elle enfin trouvé son héroïne? Greta Thunberga 16 ans, souffre du syndrome d'Asperger et aime faire du cheval. Mais surtout, depuis son discours à la COP24, en décembre dernier, dans lequel elle a sèchement dénoncé l'inaction des pouvoirs publics en matière de lutte contre le climat, la jeune Suédoise est devenue le symbole mondial d'une génération qui a décidé de dire: “Ça suffit!” Rencontre chez elle, à Stockholm.
  • Par Lucas Minisini
  • 15 min.
  • Portrait
Illustration pour La fille qui rêvait de sauver la planète
Photos: Renaud Bouchez pour Society

Pour Greta Thunberg, ce sera donc une banane et une place de cinéma. “J’ai gagné ça parce que je fais partie des cinq meilleurs élèves de ma classe”, informe-t-elle Svante, son père, alors qu’ils roulent dans la Tesla Model S familiale. La berline 100% électrique s’engouffre dans l’imposante avenue à quatre voies de Södertälje, ville enneigée à une trentaine de kilomètres de Stockholm, et dépasse l’épais bâtiment hébergeant le constructeur Scania, leader mondial de la construction de poids lourds. Et pour le reste des bons élèves? Un ananas, précise la jeune fille. “Ah! C’est beaucoup moins bien au niveau de leur empreinte carbone”, note le père. Greta approuve d’un mouvement de tête, secouant ses deux nattes châtains: “Ils ont choisi, on pouvait prendre ce qu’on voulait dans la corbeille.” Svante est ravi. Pas tellement du judicieux choix fruitier de sa fille aînée, mais plutôt de sa bonne note. Ces derniers temps, “elle n’allait pas beaucoup à l’école” , explique-t-il. Greta n’est arrivée dans ce collège que courant septembre, bien après la rentrée scolaire. Avant, elle était dans un établissement du centre de Stockholm, “où elle se faisait régulièrement bizuter”. Alors, il a fallu partir. Direction l’ouest de la capitale suédoise, et cette banlieue que l’extrême droite scandinave se plaît à désigner comme une “no go zone”, tout simplement parce qu’on y croise des foulards et des visages plus bronzés qu’ailleurs. “Une grande partie des réfugiés en Suède sont hébergés ici, donc dans la classe de Greta il y a beaucoup de nationalités représentées: Irak, Syrie, etc., explique Svante. Cet endroit est devenu la cible de l’extrême droite mais en réalité, c’est bien mieux ici: personne ne juge personne et élèves comme professeurs sont très tolérants par rapport à ce que Greta fait. Ils la soutiennent.” Car tous les vendredis, Greta Thunberg, 16 ans, sèche les cours. Elle est alors “en grève”. Plus exactement, “en grève de l’école pour le climat”, précise-t-elle depuis le siège passager, les mains dans les poches de son manteau et les yeux braqués sur la route, droit devant elle.

Society #98

À lire aussi

Abonnez-vous à Society+ dès 4.90€

Des centaines de docus à streamer.
7 jours gratuits !