
Mars 2020, quelque part entre les jours 1 et 7 du confinement. Comme beaucoup d’autres Français au même moment, le président de la section sociale du Conseil d’État, Didier Tabuteau, prend des nouvelles des uns et des autres en envoyant des mails. Parmi les premiers destinataires, un groupe qui lui est resté cher: une quinzaine de personnes rencontrées il y a 20 ans, à l’époque où Bernard Kouchner était ministre de la Santé et où lui dirigeait son cabinet. Le haut fonctionnaire leur adresse sobrement son “soutien en période de confinement” et ses “amitiés collectives”. Dans la boucle, une liste de noms en forme de Who’s Who du monde de la santé publique: Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS, le numéro 2 du ministère) ; Dominique Martin, à la tête de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ; François Bourdillon, qui dirigeait jusqu’à l’année dernière Santé publique France. Ou encore Véronique Fournier, présidente du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie: “Ça fait quand même 20, 30 ans qu’on se connaît, ce n’est pas rien. On garde tous un très bon souvenir de ce cabinet, on reste extrêmement soudés”, justifie-t-elle. Ils se sont envoyé des photos, se sont glissé des petits mots d’encouragement. Parmi les destinataires, il y avait aussi, bien sûr, Bernard Kouchner. Confiné dans sa villa en Corse du Sud, l’ancien ministre n’a pas tardé à cliquer sur “répondre à tous”: “Mes petits gars, c’est vous les meilleurs, alors si on devait repenser le système de santé à l’aune de ce qui est en train de se passer, ce serait quoi les pistes intelligentes pour vous?” demandait-il en substance.