Portrait

Le gourou, la chercheuse et la révolution

C'est l'histoire d'un groupe de maoïstes, l'Organisation, qui s'installe au milieu des années 1970 dans un ancien couvent pour y construire un idéal politique. L'expérience tourne au cauchemar sous l'emprise d'un homme, Fernando, aussi fascinant que dangereux. Cinquante ans plus tard, la sociologue Julie Pagis s'est plongée avec Le Prophète rouge dans une enquête qui l'a menée loin, très loin. Trop loin pour en revenir?
  • Par Robin Bouctot
  • 11 min.
  • Portrait
Une personne est assise dans un bureau, les pieds posés sur un bureau. Elle porte une chemise à motifs rouges et blancs, un jean et des bottes marron. Le bureau est entouré de plantes et de livres, avec une grande fenêtre donnant sur une vue urbaine en arrière-plan.
Photos: Renaud Bouchez pour Society

Après sept années de traque, et bien qu’elle assure s’être libérée du fantôme à l’origine du Prophète rouge, Julie Pagis tend à être contredite par un certain nombre d’indices visibles dans son bureau. Au deuxième étage du bâtiment de recherche du campus Condorcet, à Aubervilliers, celui-ci navigue dans une zone floue, quelque part entre la tanière d’une sociologue et le QG d’une détective. Punaisées au mur au-dessus de son ordinateur: des photos d’un homme, ici une fourche à la main, ici professoral avec ses lunettes à gros verres, et des reproductions jaunies de ses papiers d’identité. Contre la fenêtre: l’arbre généalogique détaillé de “Fernando JS. P (1932)”, tracé sur un grand tableau Velleda, “qu’il faudra bien [qu’elle se] résolve à effacer”. À portée de main: une pile de carnets verts à spirales remplis de lignes minuscules, dont la découverte dans deux valises en cuir planquées dans le grenier d’une ferme du Sud-Ouest de la France fut suivie de nuits de lecture en apnée.

Society Hors Série #21

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