
Après sept années de traque, et bien qu’elle assure s’être libérée du fantôme à l’origine du Prophète rouge, Julie Pagis tend à être contredite par un certain nombre d’indices visibles dans son bureau. Au deuxième étage du bâtiment de recherche du campus Condorcet, à Aubervilliers, celui-ci navigue dans une zone floue, quelque part entre la tanière d’une sociologue et le QG d’une détective. Punaisées au mur au-dessus de son ordinateur: des photos d’un homme, ici une fourche à la main, ici professoral avec ses lunettes à gros verres, et des reproductions jaunies de ses papiers d’identité. Contre la fenêtre: l’arbre généalogique détaillé de “Fernando JS. P (1932)”, tracé sur un grand tableau Velleda, “qu’il faudra bien [qu’elle se] résolve à effacer”. À portée de main: une pile de carnets verts à spirales remplis de lignes minuscules, dont la découverte dans deux valises en cuir planquées dans le grenier d’une ferme du Sud-Ouest de la France fut suivie de nuits de lecture en apnée.