
Droit dans ses sneakers Balenciaga noires, il fait les cent pas derrière le grand rideau qui le sépare de son assemblée. Pendant que les fans s’amassent devant la grande scène et trépignent d’impatience de le voir faire son entrée, lui répète sa partition, un peu fébrilement. Mèche bien peignée, barbe finement taillée, veste brodée à son nom, David Lafarge pourrait être le leader d’un groupe de rock qui attend d’attraper son micro et de balancer la première note de son show devant une foule en délire. Et pourtant, David n’est pas musicien: c’est une rock star, oui, mais d’un tout autre genre. Sur la scène, une table et des chaises ont été installées. Autour, des lumières et des caméras prêtes à immortaliser l’instant. Après de longues minutes d’attente, il monte finalement sur scène. “Mesdames et messieurs, bienvenue au Royaume du TCG, est-ce que vous êtes prêts à vivre ce moment avec moi?” demande-t-il à la foule. Cris de contentement. Puis il prend place sur l’une des deux chaises, et saisit trois petits paquets préalablement disposés devant lui. Une caméra a été installée juste au-dessus de la table pour filmer uniquement ses mains, et les images sont retransmises en direct sur un écran géant, permettant ainsi aux milliers de personnes présentes de ne pas en manquer une miette. Ces paquets, ce sont des paquets de cartes Pokémon. Des “boosters”, comme on les appelle dans le jargon des jeux de cartes à collectionner. Et pas n’importe quels boosters: trois paquets de la série “Créateurs de légendes”, sortie en 2006, et jamais ouverts. David Lafarge les a inhumés de sa collection personnelle pour l’événement. À leur sortie, ces boosters étaient vendus 3,99 euros en kiosque et dans les grandes surfaces. Aujourd’hui, ils sont estimés à environ 1 500 euros pièce.