
Dans un torrent d’indignation, la quasi-totalité des médias américains ont repris la phrase: “Les ténèbres, c’est bien. Dick Cheney, Dark Vador, Satan. C’est ça, le pouvoir.” Prononcée dans les colonnes du Hollywood Reporter, habitué à convier acteurs ou réalisateurs en promo et à divers degrés de grandiloquence, elle aurait pourtant dû passer inaperçue. Celui que les forces occultes semblent tant fasciner, Steve Bannon, a bien produit ou réalisé une vingtaine de films et détient une partie des droits de la série Seinfeld. Mais ce qui a halluciné l’Amérique, justement, c’est que Steve Bannon n’est pas un cinéaste comme les autres. Le 15 novembre 2016, lorsqu’il reçoit l’hebdomadaire hollywoodien dans un bureau de la Trump Tower, cela fait précisément trois mois que Bannon est officiellement devenu directeur de campagne du tout juste élu président Donald Trump. Ce n’est alors un secret pour personne que Bannon est appelé à devenir stratège en chef et conseiller senior du chef de l’État, soit “la personne la plus puissante de cette nouvelle équipe à la Maison-Blanche”, selon l’article du Hollywood Reporter(1). Un homme de l’ombre, donc, qui navigue depuis toujours à la croisée des chemins entre catholicisme fanatique, Hollywood et Parti républicain. “Il pourrait être comparé à Karl Rove, juge l’historien David Kaiser, en référence à celui que l’on a souvent surnommé “le cerveau de George W. Bush”. Il rappelle aussi Pat Buchanan et William Safire, les deux plumes de Richard Nixon. Ils étaient très bons pour mobiliser une certaine forme de colère, de ressentiment. Bannon est très à l’aise dans ce rôle.”