
Le 12 août dernier, sur le coup de 16h, l’Amérique noire est soudainement saisie d’un enthousiasme débordant. Douze ans après la première campagne de Barack Obama pour conquérir la Maison-Blanche, et alors que la question raciale gangrène plus que jamais le pays, voilà qu’une heureuse promesse refait surface: une Noire se trouve aux portes du pouvoir. Après de longues semaines de suspense, le candidat démocrate à l’élection présidentielle, Joe Biden, vient de choisir comme colistière Kamala Harris, 56 ans, sénatrice de Californie, fille d’un Jamaïcain et d’une Indienne et qui se définissait en 2018 dans son autobiographie comme une “femme noire forte”. Alicia Garza, tête pensante du mouvement Black Lives Matter, célèbre à chaud “un moment où le champ des possibles s’élargit”, tandis que Mélanie Campbell, présidente de la National Coalition on Black Civic Participation, affirme que “c’est plus qu’un simple poste de vice-présidente qui se joue là. Cela consolide notre place dans l’histoire”. L’écho résonne à travers le pays, repris par la sororité noire Alpha Kappa Alpha, dont fit partie Kamala Harris à l’époque où elle était étudiante en droit. “Cela montre que Biden écoute les gens qui prennent la parole haut et fort pour demander de l’égalité. Cela veut dire qu’il nous comprend”, proclame l’institution. De fait, Kamala Harris s’avance alors dans la course présidentielle avec une image de pasionaria progressiste, dénonçant à longueur de prises de parole le racisme endémique et claironnant sa passion pour la légende du rap Tupac Shakur.