Portrait

Profession: Dépollueuse

Le chlordécone, pesticide développé dans les années 1970 et utilisé dans la culture des bananes aux Antilles, a été interdit en 1993. Mais la molécule, très persistante et cancérigène, contamine encore un tiers des surfaces agricoles de la Martinique et de la Guadeloupe. Les condamnant à jamais? Pas forcément, à en croire la chimiste Sarra Gaspard.
  • Par Romuald Gadegbeku, à Pointe-à-Pitre
  • 11 min.
  • Portrait
Un homme en blouse blanche examine un monticule de terre, avec en arrière-plan des arbres et leurs racines visibles sous le sol.
Illustration: Melanie Lambrick pour Society

Des chromatogrammes en colère, avec des pics signalant la présence d’une substance inconnue. Sarra Gaspard n’a jamais oublié le résultat de ces tests de potabilité de l’eau effectués par la Direction de la santé et du développement social (DSDS) en Guadeloupe. C’était en 2000, soit un an après son arrivée à l’université des Antilles, à Pointe-à-Pitre. “Après quelques mois, les agents de la DSDS ont réussi à déterminer ce qu’était cette molécule: le chlordécone”, raconte-t-elle aujourd’hui, dissimulée derrière les piles de documents qui trônent sur son bureau. Or à l’époque, la molécule en question, utilisée en tant que pesticide, était déjà interdite depuis sept ans dans les Antilles. Comment expliquer que l’on en retrouve, alors, toujours dans les sols? “Je n’avais pas encore conscience de l’ampleur du désastre, commente la scientifique de 54 ans. Mais à partir du moment où ils en ont trouvé dans toutes les rivières de Guadeloupe, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose.” La question de la persistance de la molécule dans les sols antillais, et leur nécessaire dépollution, deviendra par la suite son objet d’étude principal.

Society #180

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