L’héritière | Society
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L'héritière

Avec son deuxième livre, aujourd'hui traduit en français, Le Compromis de Long Island, Taffy Brodesser-Akner écrit à la fois le grand roman de la famille juive américaine et celui des blessures qui ne se referment jamais. La preuve qu'elle est l'héritière de Philip Roth et Jonathan Franzen?
  • Par Hélène Coutard / Photos: Aliocha Boi
  • 15 min.
  • Portrait
Illustration pour L’héritière
Photos: Aliocha Boi

Taffy Brodesser-Akner est en vacances à Paris. En entrant dans une librairie, elle tombe sur son propre livre, Le Compromis de Long Island, qui vient d’être traduit en français. “Je savais que le livre sortait à la rentrée, mais je n’avais pas compris que c’était cette semaine-là. C’est mon mari qui m’a dit: ‘C’est pas ton livre?’ Surprise, elle prend le roman entre ses mains, comme un nouveau-né, et le montre au libraire. “C’est mon livre!” En bon Parisien, l’homme lui accorde un vague sourire. En bonne Américaine, l’autrice lui propose de signer quelques exemplaires, une pratique courante aux États-Unis. “Je ne savais pas qu’on ne faisait pas ça en France. Le libraire m’a regardée avec de gros yeux et m’a dit: ‘Euh non.’ Il me suppliait presque de ne pas le faire”, rit-elle. Ce n’est pas la première fois que Taffy Brodesser-Akner vient à Paris, loin de là, mais c’est la première fois qu’elle y emmène ses deux enfants, des jeunes adolescents, qu’elle a traînés dans les musées de la ville. “On est allés au musée Marmottan Monet parce que je voulais leur montrer les toiles de Monet en vrai. Je leur ai expliqué que c’était la toile que Monet avait touchée, celle qu’il avait peinte avec son pinceau, mais ils n’étaient pas particulièrement sensibles à ça. Je me suis dit que c’était un peu comme les signatures de livres: certains trouvent ça super que l’auteur(rice) ait vraiment touché le livre, d’autres s’en foutent.” Quelque part, c’est de ça, de parents et d’enfants qui ne se comprennent pas, de choses qui touchent les uns mais pas les autres, dont parle Le Compromis de Long Island  ; l’histoire de la famille Fletcher, la grand-mère, les parents et les trois enfants adultes, leurs vies confortables de juifs américains propriétaires d’une usine à Long Island. Un grand roman sur la famille, en apparence, mais aussi un grand roman sur l’argent. Et sur le traumatisme. Tout comme le premier livre de l’autrice, Fleishman a des ennuis, était en apparence un grand roman sur le divorce, mais aussi un grand roman sur l’argent. Et sur le traumatisme. En réalité, chaque roman de Taffy Brodesser-Akner n’est pas tout à fait ce qu’il paraît. Après tout, n’est-ce pas l’apanage d’un grand roman?

Society #265

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