
Pas évident de saisir l’objectivité. Un peu comme le silence dans une devinette, elle disparaît à chaque fois qu’elle est annoncée. Pourtant, elle transparaît dans ce bureau vitré, séparé du reste de l’open space de l’IFOP, dans lequel Jérôme Fourquet s’installe. Elle est dans le bruit des roulettes de la chaise de bureau, dans ce tas de feuilles A4 empilées depuis longtemps, dans la légère odeur de poussière que peut dégager un ordinateur même récent et aussi dans ce choix de vêtements. Est-ce que Jérôme Fourquet aime ce costume? La question ne se pose pas: à l’évidence, le rôle de l’habit est de produire de la neutralité et de ne surtout pas concurrencer le propos. Il porte donc ce qui se rapproche le plus possible du rien pour un homme de 51 ans responsable d’un département “opinion et stratégies d’entreprise”. La seule fantaisie personnelle offerte à ceux qui lui rendent visite est une photo, accrochée au mur, d’un village des Pyrénées-Orientales dont était originaire un grand-parent. Plus à droite, une bibliothèque en mélaminé aussi neutre que le costume, puis une grande carte de l’Hexagone et, enfin, son visage. Celui de l’essayiste le plus écouté du pays qui, en guise de propos liminaire, tient à préciser: “Tout d’abord, merci de vous intéresser à nos travaux.” Objectif et poli, donc.