Story

Vies et mort de J Dilla

Disparu en février 2006 à l'âge de 32 ans, le producteur américain a enfin, depuis quelques semaines, une rue à son nom dans sa ville natale de Detroit. Un hommage qui en dit long sur la trace que le musicien a laissée dans le rap: celle d'un géant pressé de marquer l'histoire, comme s'il avait su depuis le début que la sienne serait brève.
  • Par Joseph Briat et Victor Jezequel
  • 28 min.
  • Story
Illustration pour Vies et mort de J Dilla

L’hiver, à Detroit. Des parcelles de pelouse calcinée et d’herbes folles encadrent des maisons lacérées par le gel. Le long de l’East Nevada Street, dans un quartier du nord de la ville, les rares passants à avoir osé mettre le nez dehors observent, depuis une station-service, les deux SUV de police qui barricadent un segment de la rue. “Qu’est-ce qu’ils foutent là? Ils ne peuvent pas nous laisser tranquilles deux secondes?” demande l’un d’entre eux. Il semble qu’en cette matinée du 7 février dernier, personne dans le coin n’ait été mis au parfum de l’événement majeur qui s’apprête à se tenir. “Il va y avoir une rue dédiée à J Dilla, la police est là pour la cérémonie”, se charge de leur annoncer Eothen “Egon” Alapatt, le directeur artistique de la fondation James-Dewitt-Yancey, du vrai nom du producteur de rap décédé il y a 19 ans. À quelques mètres de là se dresse l’ancienne maison de ce dernier. Face aux caméras des journalistes qui commencent à affluer, Ja’Mya et Ty-Monae posent fièrement devant ce reliquat de briques et de souvenirs, un panneau bleu frappé du nom de leur père dans les mains. La première porte une casquette et un jean siglés “J Dilla”, la seconde affiche ce nom brodé sur son gilet, au niveau du cœur.

Society #253

À lire aussi

Abonnez-vous à Society+ dès 4.90€

Des centaines de docus à streamer.
7 jours gratuits !