
Volodymyr Zelensky a failli mourir. C’était en mars 2019, à trois semaines du premier tour de son élection triomphale, il n’était alors président que dans la fiction et avait invité Society sur le tournage du dernier épisode de sa série, Serviteur du peuple, dans laquelle il interprétait un professeur devenu chef de l’État ukrainien par accident. L’entretien qu’il nous avait accordé, interrompu toutes les cinq minutes par un réalisateur peu commode qui exigeait qu’il aille tourner ses scènes, ressemblait assez peu à ce que l’on attend d’une interview d’homme politique. La séance de questions terminée, le comédien profitait d’une pause, dans cet ancien hôpital militaire désaffecté du centre de Kyiv, pour se réchauffer avec un gobelet de thé, lorsqu’une grosse brique s’était détachée du plafond pour s’écraser à quelques pas de lui. “Bienvenue en Ukraine”, avait-il souri une fois la frayeur passée. À l’époque, s’il était déjà en tête des sondages, peu d’observateurs prenaient au sérieux sa candidature. “Ses rencontres avec des intellectuels et des diplomates ont eu de mauvais résultats. Il est vu comme incompétent, ce qui est probablement vrai”, commentait alors Mikhail Minakov, chercheur au Kennan Institute et considéré comme l’un des plus fins connaisseurs de la politique ukrainienne.