
Les Golden Acres Development consistent en un lotissement d’immeubles bas aux murs couleur sable installé à quelques minutes à peine du bord de mer, à Pompano Beach, Floride. C’est là, à une heure de route au nord de Miami, que plusieurs dizaines de familles d’immigrants haïtiens se sont installées dans les années 1980. Un quartier qui, malgré ses coordonnées heureuses, n’a jamais été rien d’autre qu’un coin de mauvais augure, entre trafics et bagarres. Mais qui dispose depuis peu d’un ambassadeur: Dieuson Octave, fils de déracinés de Port-au-Prince. D’un ton lancinant, aux murmures essoufflés empruntant presque au mysticisme vaudou de ses ancêtres, calé sur des notes suintant le jus du Sud, celui qui se fait appeler Kodak Black est, à seulement 19 ans, tout simplement l’un des rappeurs les plus en vue de la scène yankee. Clic-clac: Kodak compte déjà quatre mixtapes qui dépassent, chacune, le million de téléchargements sur les plateformes dédiées. De quoi au moins se payer une dentition dorée. Hélas, cela n’a pas suffi à lui assurer une vie sans problèmes. Malgré les gesticulations du vice-président d’Atlantic Records en personne devant une cour de Fort Lauderdale, Kodak Black est aujourd’hui enfermé dans une prison floridienne, pour de vieilles histoires de possession de cannabis et d’agression. De quoi faire grogner ses groupies. Il y a quelques jours, un inconnu mettait à sac l’accueil d’un cabinet d’avocats de Miami et, alors qu’il était maîtrisé par la police, criait: “Libérez Kodak Black! Hillary Clinton est une voleuse!” Kodak Black, ennemi d’État? Que la légende se fasse.