« OK, il est au bureau. Mais il était où, avant?” “De quoi ils parlent?” “Qui c’est, Harmony Cobel, déjà?” “Burt Goodman, c’est Christopher Walken, c’est ça?” “Et c’est qui, Ricken Hale, putain?!” Ce genre de questions, des millions de téléspectateurs hagards se les sont récemment posées devant la saison 2 de Severance. Parce que la série de science-fiction d’Apple TV+, qui traite de dissociation cérébrale et d’aliénation par le travail, est un peu plus compliquée à suivre qu’un épisode d’ Inspecteur Derrick? Peut-être, mais surtout parce qu’entre cette nouvelle fournée d’épisodes et le final de la saison 1, sorti le 8 avril 2022, 1 015 jours se sont écoulés. À l’époque, Jean Castex dormait encore à Matignon, et Severance avait atteint un sommet plein de tension, de coups de théâtre et de virages émotionnels durs pour le cœur. Après quasiment trois ans d’attente, de vie qui passe, et l’enchaînement de quatre Premiers ministres français, les tenants et les aboutissants des arcs narratifs des personnages se sont, pour beaucoup de spectateurs, perdus. “La même chose m’est arrivée avec le préquel de Game of Thrones, déplore Xavier Bost. Qui s’appelle…”

Le coauteur de Remembering Winter Was Coming, un article de recherche en informatique qui analyse les meilleurs moyens de rafraîchir la mémoire des téléspectateurs démarrant une nouvelle saison, a même oublié cela, mais il s’agit de House of the Dragon, dont la deuxième saison a démarré le 17 juin 2024 en France, soit presque 20 mois après la conclusion de la première. “J’ai voulu regarder la saison 2 directement dès sa sortie, reprend-il. Mais avec toutes ces intrigues politiques, en fait, je ne me rappelais plus rien.” Aux États-Unis, l’ultrapopulaire émission Saturday Night Live s’est fendue d’un sketch sur le sujet, où les comédiens semaient la confusion en faisant rimer tous les noms avec “-os” –“Dorgos”, “Westernos”, “Dargamos”. Débarquait ensuite une “reine enfant” incarnée par Jean Smart, une actrice septuagénaire, suggérant que l’attente entre les deux saisons était tellement longue qu’une vie entière avait eu le temps de s’y dérouler.