
Tu es à l’affiche de Medellin, de Franck Gastambide. C’est la troisième fois que tu fais un film avec lui. C’est ton nouveau Éric Judor? Non, c’est quelqu’un d’autre. C’est le parrain de mon dernier fils, par exemple. C’est mon meilleur ami, on partage des trucs de famille. Et puis on s’est connus quand il était dans la merde, quand il était encore maître-chien. En fait, on préparait Les Dalton avec Éric, on avait besoin de Rantanplan. Ça arrive aux oreilles de Franck et je reçois un coup de fil: ‘Oui, allô, c’est Franck Gastambide, j’ai des animaux, j’ai entendu que vous cherchiez ça, j’ai votre Rantanplan parfait.’ Moi: ‘C’est super! Viens nous voir au bureau!’ Il vient avec un chien… c’est un caniche! On rigole, et lui: ‘Écoutez, je l’ai pas, en vérité, mais je vais vous le trouver, j’ai fait ce coup de vice pour vous rencontrer.’ Il a ramené le chien, il est venu tourner avec nous en Espagne et on est devenus potes.
Des années auparavant, c’est au Comptoir des Halles, un bar de nuit, que tu avais rencontré Éric Judor. Une histoire de videur nommé Vénus, c’est ça? C’est ça, un grand renoi qui s’appelait Vénus. C’était l’époque où les Noirs et les Arabes ne rentraient dans aucune boîte, mais il y a donc ce bar aux Halles qui a l’air un peu plus détendu sur la question –c’est un bar avec un DJ mais pour nous, c’est une boîte. Je viens avec des copains à moi, dont des Noirs, et Vénus les laisse rentrer. Il tique un peu avec moi mais je fais vanne sur vanne: ‘S’il te plaît, on se fait virer de partout, pas toi, t’es un renoi.’ Il finit par me faire rentrer. Et je ne sais pas qu’en même temps, il y a un mec que je ne connais pas –Éric– qui fait la même chose à ce renoi. Vénus, plus tard, il nous dit: ‘Venez et parlez, vous deux.’ Ça paraît bizarre, mais effectivement, une heure après, j’étais allongé par terre de rire. Mais ce n’est pas une expression: j’étais allongé sur le trottoir à dire: ‘Arrête, j’ai mal, arrête!’ On échange nos numéros de téléphone, mais de la maison, parce qu’on vit tous les deux chez nos parents. Moi, j’ai 22 ans, et Éric 26.