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Daft Punk’s Not Dead

Ils ont vécu en robots, ils sont morts en robots. Alors qu'ils ont annoncé leur séparation en février dernier après presque 30 ans de collaboration, les Daft Punk n'auront jamais rien voulu dévoiler de ce qui pouvait bien se cacher derrière la musique du plus grand groupe de pop du XXIe siècle. Et pourtant, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo étaient bien humains, après tout. Avec leur bande de potes qui les a portés, leurs obsessions et leurs fêlures qui les ont longtemps rapprochés, avant de doucement les séparer à partir de l'immense succès de leur ultime album. Voici racontées leurs dernières années, de la sortie de Random Access Memories à l'annonce de leur rupture.
Deux casques futuristes, l'un argenté et l'autre doré, sont posés sur une table avec divers objets, dont un téléphone, des écouteurs, un appareil électronique avec des boutons et des dossiers.
Illustrations : Hippolyte Jacquet pour Society

La salle de bains est tapissée de marbre, des colonnes encadrent le patio, et depuis la piscine, entre les palmiers, on peut admirer le désert de Californie. Nichée dans l’une des allées silencieuses et tabassées de soleil de Rancho Mirage, oasis de millionnaires bordant la ville de Palm Springs, la propriété a été bâtie en 1957 par Bing Crosby. Du temps de sa splendeur, le célèbre crooner aimait y donner de fastueuses réceptions où se pressait le gotha d’Hollywood, Frank Sinatra en tête, et on raconte que l’endroit servit de refuge aux amourettes interdites de John Fitzgerald Kennedy et Marilyn Monroe.
Une vieille légende qui fait sourire les Daft Punk lorsque ces derniers prennent leurs quartiers dans la grande maison au mois d’avril 2013. À l’occasion du festival de Coachella, dont les chapiteaux se trouvent à quelques kilomètres seulement, la maison de disques Columbia a décidé de loger ici, et à ses frais, le duo culte, avec des cuisiniers en prime. Il y a des années, déjà, quand Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo n’étaient encore que des espoirs de la French touch, une autre major avait fait envoyer à l’aéroport de New York une limousine pour les recevoir. Effrayés, les deux garçons s’étaient alors carapatés en douce dans un simple taxi jaune.
Les temps ont changé, depuis. Cette fois, Thomas et “Guy-Man” ont amené avec eux dans la villa de Rancho Mirage les quelques personnes qui composent depuis des années leur cercle rapproché, gardiens du temple Daft Punk entre Paris et l’Amérique. “On était comme une famille, et c’était assez émouvant de se retrouver tous là”, dit aujourd’hui le producteur Todd Edwards, dont la première collaboration avec les Français remonte à l’album Discovery, en 2001.
Thomas Bangalter est coiffé d’un chapeau de paille, on bulle en maillot de bain et on déjeune à pas d’heure. “Le bar était bien rempli. Je passais mon temps à préparer des piñas cola das en me servant d’ananas et de noix de coco qu’on s’était fait livrer”, sourit Peter Franco, ingénieur du son attitré des Daft Punk. Lorsque DJ Falcon, dont les premiers morceaux sont sortis sur Roulé, le vieux label de Thomas Bangalter, s’envole depuis le toit plat de la maison pour plonger dans la piscine, tout le monde applaudit le spectacle. Un après-midi, la star Pharrell Williams sonne au portail de la drôle de colonie de vacances. “Le type a débarqué comme une fleur avec son téléphone serti de diamants et ses gardes du corps”, se souvient Antoine Ressaussière, un directeur artistique qui, lui, a fait la connaissance des Daft Punk à l’époque où ils passaient de la musique dans les salles techno de Rennes.

Society #161

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