Story

Go-Go Gone

Et si le rap était aujourd'hui une musique confidentielle, cantonnée à New York, et qu'il avait laissé le succès international à un autre genre musical issu de la culture afro-américaine? Ce scénario de science-fiction a failli se produire. Le gagnant se serait alors appelé go-go music. Autopsie d'un rendez-vous manqué.
  • Par GRÉGOIRE BELHOSTE
  • 8 min.
  • Récit
Deux hommes sont dans un studio d'enregistrement, concentrés sur une console de mixage. L'un porte des lunettes de soleil et une chemise rayée, l'autre est en t-shirt. Ils semblent collaborer sur des réglages audio.
Getty / Harry Naltchayan (The Washington Post)

Au printemps 1985, un bruit court au sein de l’industrie du disque: une nouvelle musique serait en train de prendre de l’ampleur à Washington DC, et elle pourrait bientôt déferler sur le reste de l’Amérique avant de conquérir le monde entier. Tout est déjà là, neuf, singulier, excitant. Le nom qui sonne bien, “go-go”, une paire de syllabes désignant les clubs de la capitale où ce rythme tourne lors des fêtes de la communauté afro-américaine, mais aussi les beats lancinants gorgés de congas, les jeux de questions-réponses avec le public et les pas de danse faciles à retenir que sont le “Whop” ou le “Jerry Lewis”. Comment ne pas en être? La soul et la new wave s’éteignant lentement, les cadors du music business sont bien décidés à ne rien rater de ce nouveau courant. Ahmet Ertegun, légendaire mogul d’Atlantic Records, l’homme qui a donné sa chance à Led Zeppelin ou Ray Charles, sillonne les studios locaux à la recherche de la perle rare. Le boss du label Island Records, Chris Blackwell, traîne lui aussi dans les rues de Washington et croit revivre l’aventure qu’il a connue une dizaine d’années plus tôt lorsqu’il avait découvert le jeune Bob Marley en Jamaïque. La presse emboîte le pas et Billboard tonne que “la musique go-go est prête à devenir mondiale”. Dans le magazine, le critique Nelson George explique que “les majors ont loupé le premier grand phénomène street noir des années 1880, le hip-hop, et ils ne veulent pas refaire la même erreur”. Le parallèle est tout tracé: le go-go et le hip-hop sont deux genres cousins, nés dans les années 1970 à seulement quelques centaines de kilomètres l’un de l’autre, dans des quartiers noirs de l’Amérique urbaine. Tous deux tirent leur source du funk et des musiques afro-américaines qui les ont précédés. L’un comme l’autre sont apparus afin de faire danser les foules. Presque 40 ans plus tard, l’un s’écoute dans toutes les langues imaginables, au cœur des strip clubs d’Atlanta comme dans les campings du Sud de la France. L’autre reste cantonné aux frontières de l’agglomération de Washington. La frénésie du printemps 1985 paraît si loin, comme un rêve évanoui. Que s’est-il donc passé?

Affiche promotionnelle pour une fête d'anniversaire de Sugar Bear au F.U.R Night Club à Washington, DC, le dimanche 26 juillet, avec des performances de E.U et Rare Essence. Prix d'entrée : 25 $ pour les femmes à l'avance, 35 $ pour les hommes. Dress code : pas de vêtements de sport, âge minimum 21 ans.
Affiche pour un événement musical intitulé "Big Back to School Boogie Part II" à Wilmer's Park, Brandywine, MD, le dimanche 6 septembre. Les artistes incluent Rare Essence, Chuck Brown and the Soul Searchers, E.U. (Experience Unlimited), Little Benny and the Masters, et Hot, Cold, Sweat. Les portes ouvrent à 14h, et le spectacle commence à 16h. Prix des billets : 10 $ avant 18h, 12 $ après.
Affiche pour un événement musical à "Cross Creek Cabins" le samedi 26 septembre, avec les groupes Junk Yard Band et Reality Band & Show, plus du disco. L'entrée coûte 7 dollars.
Affiche pour un événement au River Bend Inn à Waysons Corner, MD, le dimanche 23 juin, de 22h à 2h, avec le "Class Band and Show" et de la disco. Entrée à 5,00 $.
Illustration pour Poster of 911 Party at Deno’s Night Club
Affiche annonçant des événements en direct au "Entertainment & Sports Arena" à Washington, DC, de novembre à mars, mettant en vedette le "Capital City Go-Go" avec du basketball, des groupes de go-go en direct, des futures stars et des cadeaux. Les billets sont en vente à partir de 15 $.
Affiche annonçant un concert de Chuck Brown au 9:30 Club à Washington D.C. le 31 décembre, avec une apparition spéciale de Sugar Bear de E.U., et un toast au champagne à minuit.
Affiche pour un concert à Cheriy's, Washington D.C., le vendredi 14 août, avec Little Benny and The Masters, Pure Elegance et Kool Moe G. Admission anticipée à 6 dollars.

50 ans de rap

Society #220

Deux personnes avec des micros chantent devant un montage d'immeubles résidentiels et un champ avec des vaches.
Sipa / Gelebart (X2) - AFP / Photononstop - REA / ©Gio Staiano

L'enfance de l'art

Les deux frères qui forment PNL ont accumulé des millions de vues sur YouTube, sorti trois albums tous certifiés disques d'or, ils ont popularisé une allure, un spleen, un son. Mais ils n'ont jamais donné une interview. Ils vivent où ça leur chante, ne s'affichent pas sur les réseaux. Ils cultivent leur propre secret. En 2016, dévoilait une partie du mystère, celui de leurs premières années. Qui conduisaient en Corrèze et dans les bureaux de Serge Dassault.

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