
De l’avis de tous, Madame M. était une personne “très bien”. Enfin, “était”? “Est”? Comment diton, dans ces cas-là? Faut-il en parler au passé? “Après tout, elle n’est pas morte”, remarque sa nièce, Julie. “C’est extrêmement troublant, médite une amie. Comme si, en fait, elle n’avait été qu’un mirage.” Depuis qu’ils ont compris que Madame M. les avait escroqués pendant des années, ses amis et ses proches s’interrogent. Aurait-elle joué un rôle tout du long, pour mieux les berner? “Vingt ans de mise en scène, quand même… Moi, je n’arrive pas à y croire”, soupire Christel, une ancienne voisine. A-t-elle seulement existé, cette fille si “bien”, si “sympa”, cette “bonne copine”, cette tante “dévouée, attentionnée”, cette professionnelle “à l’écoute, gentille, tellement attachante”, auprès de qui ils ont tout placé: leur confiance, leur argent, leur amitié? Et si oui, comment a-t-elle pu?