New York, unité spéciale | Society
11-Septembre

New York, unité spéciale

Vingt-quatre ans après les attentats du 11-Septembre, 40% des victimes n'ont pas encore été identifiées à New York. Mais dans leur laboratoire de Manhattan, les médecins légistes de l'Office of Chief Medical Examiner l'ont promis aux familles: ils mèneront leur quête jusqu'au bout.
  • Par Hélène Coutard, à New York - Photos: George Etheredge
  • 26 min.
  • Récit
Trois personnes en blouses de laboratoire et gants noirs se tiennent dans un laboratoire équipé de divers appareils scientifiques. L'une est assise sur un tabouret tandis que les deux autres se tiennent debout.
Photos: George Etheredge

Le docteur Mark Desire aurait dû être agent du FBI. En 1997, il est recruté par l’agence fédérale alors qu’il finit ses études à Philadelphie. Il doit juste patienter un an avant de pouvoir commencer sa formation à l’académie de Quantico, en Virginie. Le recruteur lui dit: “Va faire autre chose pendant un an, amuse-toi, et on se voit l’année prochaine.” Mark Desire réfléchit. Il est diplômé en biologie, alors autant mettre à profit ses connaissances. Il candidate dans des laboratoires criminels, est pris dans celui de New York. L’Office of Chief Medical Examiner (“Bureau du médecin légiste en chef”), ou OCME, est constitué d’une petite équipe, appelée sur le terrain peu après les pompiers et la police quand a eu lieu un accident ou un crime, pour recueillir les premières preuves, reconstituer la scène et identifier les éventuelles victimes. La première année passée, Mark Desire s’amuse trop pour déménager en Virginie. Il demande au FBI de patienter encore un peu. En septembre 2001, cinq ans après son premier jour, il est encore jeune: 32 ans. Il n’a ni femme, ni enfant, ni maison. Sa Jeep est tout ce qu’il possède. Mark, comme beaucoup de jeunes Américains, pense qu’il a la vie devant lui, et qu’elle aura l’amabilité d’être comme il l’imagine.

Un homme en blouse de laboratoire est assis sur un tabouret dans un laboratoire. Il porte des gants noirs et un costume avec une cravate. Autour de lui, il y a divers équipements de laboratoire sur les tables.
Mark Desire

On a tout dit sur le 11 septembre 2001. La couleur bleue du ciel. La normalité de ce mardi matin. Ce jour-là, Mark Desire arrive au bureau et retrouve son patron, le docteur Charles Hirsch, un grand monsieur élancé de 64 ans, toujours calme. “J’étais un junior et Dr Hirsch était mon N+10, mais il était très accessible, très gentil, un peu comme un grand-père.” À l’époque, les locaux de l’OCME sont situés à Brooklyn et offrent une vue plongeante sur la baie de Manhattan. Alors que Mark s’apprête à ouvrir le dossier d’un meurtre, un cri étouffé retentit dans l’open space. Il lève les yeux: la tour nord du World Trade Center est en feu. “La télé parle alors d’une collision accidentelle avec un petit avion, mais mon père est pilote ; je vois le trou dans la tour et je me dis tout de suite que ce n’est pas un petit avion, et ce n’est pas un accident.” Dix-sept minutes plus tard, à 9h03, Mark et ses collègues voient le deuxième Boeing 767 surgir dans le ciel et percuter la tour sud. Il n’a pas le temps de dire “attaque terroriste” que son collègue Ralph envoie valser la porte du bureau et lui dit qu’il faut y aller. L’équipe monte dans une voiture. Ils sont quatre: Mark, le docteur Hirsch, Ralph et Brian.

Society #264

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