
LE JOUR, le logo de Robotron donne l’impression de flotter sur la ville. La nuit, juste à côté, la reproduction d’une des technologies que l’entreprise fabrique -une grande bande perforée- reste éclairée. Le halo de lumière qui s’en dégage semble alors se projeter à l’infini. L’ensemble, immanquable à des kilomètres à la ronde, trône sur le toit du siège du Kombinat, au cœur de Dresde. C’est le milieu des années 1980. Robotron, spécialisée dans l’électronique et les composants informatiques, est la référence dans son domaine. Elle emploie près de 70 000 personnes. La plupart sont des ouvriers hautement qualifiés ou des ingénieurs, capables de produire ordinateurs, imprimantes ou bandes magnétiques. Cela donne à Dresde l’allure d’une Silicon Valley d’Allemagne de l’Est. Un atout de plus pour une ville qui n’en manque pas. Car celle que l’on appelle “la Florence de l’Elbe” est, aussi, la vitrine touristique de la RDA. Oubliés ou presque, les bombardements de 1945, qui avaient détruit un tiers de la ville. Si Dresde n’a, 40 ans plus tard, pas entièrement retrouvé son lustre d’antan, les efforts colossaux engagés par le régime commencent à se voir. L’université technique est la meilleure du pays dans sa catégorie. Les théâtres sont remplis tous les soirs. Symbole de cette renaissance et symbole de la ville, le plus célèbre d’entre eux, le Semperoper, rouvre ses portes en février 1985 sur un opéra de Weber, Le Franc-Tireur. Dresde bouillonne de nouveau quand, six mois plus tard, Vladimir Poutine pose ses valises en ville.