Nouveau Monde

Amour Sueur et Ultra-Trail

Marathon, triathlon, ultra-trail… La mode du sport extrême qui s'abat sur les CSP+ est peut-être bonne pour la santé, elle ne l'est pas forcément pour la vie de famille. Pas toujours facile, en effet, de vivre avec quelqu'un qui se lève à 4h pour faire du sport, disparaît chaque week-end et planifie les vacances en fonction des terrains d'entraînement. Témoignages.
  • Par Pauline Lallement
  • 11 min.
  • Reportage
Un coureur s'agenouille, appuyé sur des bâtons de marche, devant une barrière où se tiennent plusieurs spectateurs.
Photos: Renaud Bouchez pour Society

Cernée par l’odeur peu alléchante du Lycra trempé, Aliza, 35 ans, fait les cent pas dans la troisième chambre de son appartement parisien. Cette pièce initialement prévue pour un deuxième enfant, elle l’appelle pour l’instant “le studio vélo” de Noé, son mari du même âge. Ici s’étale le tancarville, avec les affaires de sport étendues –on négligerait presque la vue sur la tour Eiffel. Autour d’Aliza, les indices ne trompent pas: le home trainer prêt à être utilisé, L’Atlas du vélo dans la bibliothèque, les boîtes de sneakers Nike. Elle poursuit la visite. Dans la salle de bains, les gourdes ont pris la place des produits de beauté. Dans la cuisine, les placards sont désormais remplis de compléments alimentaires et de gels énergétiques. Et dans l’entrée, trône encore un autre vélo. La trentenaire l’annonce d’emblée: “Noé a un profil d’addict. Il ne pourrait pas juste avoir un hobby, il m’a déjà fait le coup avec le tennis il y a quelques années.”

Noé donne l’image d’un pro. “Je n’en ai pas les capacités physiques”, interrompt-il, en ligne depuis un train qui l’emmène pourtant à une course qualificative pour les championnats du monde du côté de Perpignan, “une jolie course, 190 kilomètres et 3 000 de dénivelé”. Il a intégré un club, est devenu coach et cherche des sponsors. Son compte Instagram s’est transformé en vitrine. Il y apparaît en maillot rouge et noir, barbe de hipster et mollets sans poils, et y fait même la publicité d’un gel pour mieux affronter l’effort. Une semaine normale, entre les sessions à la maison, les sorties et le renforcement musculaire, Noé consacre treize à 20 heures au sport. Chasseur d’appartements à son compte, c’est peu dire qu’il organise son temps autour du vélo. Parfois, Aliza craque. “Tu préfères le vélo à nous”, lui dit-elle.

Society #230

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