Aaron Fletcher Harrington se souvient parfaitement de ce printemps 2002, celui de ses 12 ans. Initié par sa grande sœur à la scène rap et garage made in UK, le préado avait enfin réussi à traîner sa mère à Chapel Market, un marché à ciel ouvert du quartier d’Angel, à la lisière entre le centre et le nord de Londres, à un quart d’heure de chez lui. “On était venus là pour m’acheter un disque de DJ Luck & MC Neat, un duo que j’adorais à l’époque.” Sur les étals, ce jour-là, son regard est pourtant happé par un autre album. Nom du CD: Original Pirate Material. Auteur: The Streets. À 20 ans de distance, Aaron écarquille les yeux et rejoue la scène comme si elle s’était déroulée la veille: “J’ai juste dit: ‘OH MERDE!’ J’avais 12 ans, tu te rends compte? Le clip de Let’s Push Things Forward venait de sortir et j’étais déjà fan. Je suis rentré prendre plus d’argent pour acheter les deux disques. C’était trop dingue de voir mon HLM sur une pochette.”