Pop Star

Au pays des pop stars

Plus de 20 ans après la guerre, le Kosovo vit un drôle de phénomène: dans le sillage de la star internationale Dua Lipa, de plus en plus de chanteuses originaires de ce petit pays des Balkans s'exportent à travers le monde. L'occasion de mener une diplomatie de la chanson?
  • Par Arthur Jeanne, à Pristina
  • 16 min.
  • Reportage
Une artiste en concert sur scène, tenant un micro, avec des musiciens en arrière-plan et un public prenant des photos.
Rea / Valerie Plesch (The New York Times)

Quand il fait son entrée dans l’enceinte du café Bon Vivant, le bruit de fond semble devenir soudain plus léger. Même l’assourdissante musique lounge paraît moins forte. Les conversations s’arrêtent quelques secondes. Les clients tournent la tête plus ou moins discrètement. Les serveurs saluent avec déférence. À Pristina, capitale du Kosovo, Dukagjin Lipa est un homme que l’on remarque. Il y a la dégaine: perfecto, regard bleu intense et cheveux grisonnants coiffés en brosse. Mais surtout, Dukagjin, qui propose immédiatement qu’on l’appelle “Dugi”, est le père de l’idole nationale Dua Lipa. Une jeune fille qui a grandi entre Pristina et Londres et qui est devenue, cette année, l’une des pop stars les plus célèbres du monde: son album Future Nostalgia a cartonné un peu partout, plusieurs de ses tubes ont dépassé le milliard d’écoutes sur Spotify, et Dua, dont le prénom signifie “amour” en albanais, a été consacrée lors des Brit Awards. De quoi rendre fier tout son pays d’origine, mais surtout un père qui a désormais tombé le cuir et pris place sur une banquette du café, adossé au mur en briques. “Dua est un exemple et une ambassadrice pour ce pays, commence-t-il. Une inspiration pour la jeunesse kosovare et albanaise. C’est une si belle histoire que nos filles ont écrite.” “Nos”, car Dua Lipa n’est pas seule. Récemment, d’autres chanteuses originaires du Kosovo, comme Rita Ora –arrivée à Londres à l’âge de 1 an– ou Era Istrefi, se sont emparées des charts et ont, elles aussi, engrangé des centaines de millions de vues sur YouTube. La belle histoire dont parle Dukagjin, c’est donc celle d’un pays d’à peine deux millions d’habitants qui s’est soudainement mis à exporter des pop stars, un peu plus de 20 ans après s’être extirpé d’une guerre terrible et treize ans après avoir proclamé une indépendance encore contestée.

Society #162

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