
À l’arrière de la maison qu’il occupe depuis toujours, là où son jardin se termine par une pente de mauvaises herbes, Bill McNaney s’est aménagé ce qu’il appelle presque amoureusement sa “caverne”. Une bicoque à l’intérieur de laquelle il ponce, taille et scie des heures durant, à l’abri du monde et de son fracas. Le 20 janvier, tandis que l’Amérique suivait en direct à la télévision l’intronisation de Joe Biden, c’est là que s’est réfugié Bill McNaney. “Cette cérémonie, ça ne me disait rien. C’est la première fois de ma vie que je n’y ai pas prêté attention. Même Obama, je m’y suis intéressé. Mais là, c’était impossible”, explique-t-il. Bill McNaney dit qu’il est “un républicain, un vrai conservateur”. Il fait partie des millions d’Américains qui pensent que les démocrates ont tout bonnement braqué les élections. Peu importent les innombrables preuves du contraire. “La victoire de Joe Biden, affirme-t-il, est la conséquence d’un coup d’État clandestin préparé de longue date.” Au beau milieu de sa colère et de ses soupirs, Bill McNaney s’est pourtant trouvé ce qu’il appelle un “flambeau”. Une élue du Congrès qui dénonce contre vents et marées la réalité de l’élection présidentielle, s’enorgueillit d’avoir -déjà- officiellement lancé des démarches afin de destituer le président Biden et qui, en outre, le représente: Marjorie Taylor Greene, née en 1974 à Milledgeville, porte-voix de la droite américaine dans ce qu’elle a de plus écorché et, pour de nombreux observateurs, courroie la plus dangereuse, car la plus légale, des idées du magma conspirationniste QAnon.