
Danish* a d’épais cernes noirs et un regard qui s’assombrit à chaque fois qu’il évoque la prison de Rohini, à Delhi, la capitale indienne. Il se rappelle son baraquement, où s’entassaient une quarantaine de détenus. “C’est deux fois plus que la capacité normale. L’eau n’arrivait qu’entre 9h et 11h. Et nous n’avions qu’un seul WC”, se souvient ce commerçant, qui a passé 23 mois derrière les barreaux. L’hiver, il a observé d’autres prisonniers être transis de froid, car ils ne pouvaient se payer une couverture à 100 roupies (1,10 euro environ). Durant les étés caniculaires, il transpirait toute la journée, n’avait pas de produit pour se protéger des moustiques. “Et puis, on ne pouvait rien voir de ce qui se passait dehors”, soupire Danish. À l’intérieur de la prison, il se trouvait avec d’autres détenus originaires de sa région, le Cachemire, collée à l’Himalaya et située à 1 000 kilomètres de la capitale. Pour beaucoup de prisonniers, cette distance signifie une raréfaction, voire une absence de contacts avec leur famille, et parfois leurs avocats. “Sans nouvelles, certains parents ne savent même pas si leur enfant est vivant”, souligne un militant des droits humains.