ÉTATS-UNIS

Certains late show

La télé américaine ne serait pas ce qu'elle est sans les late shows, émissions nocturnes et humoristiques où vedettes hollywoodiennes, pop stars et politiciens de premier rang se précipitent pour étaler leur “coolitude”. Et ça marche: plus populaires que jamais, ces shows influencent considérablement la conscience politique des 18-24 ans. En pleine course présidentielle américaine, plongée dans les coulisses de la télé la plus puissante (et la plus drôle) du monde.
  • Par Sonia Desprez
  • 18 min.
  • Story
Illustration pour Certains late show

Le 28 février 2016. John Oliver est assis derrière son habituel bureau pour son show hebdomadaire sur HBO, Last Week Tonight. Après avoir longtemps boycotté le sujet, il a décidé de s’attaquer au cas Donald Trump. À sa façon. Avec humour et pertinence journalistique. Beaucoup de vannes, de photomontages, mais aussi des extraits de discours ou du compte Twitter du candidat républicain, via lequel il assène tout et son contraire avec un éternel aplomb. Habilement, Oliver s’amuse à déconstruire le discours Trump, puis rappelle combien le Donald, qui promet de redonner du travail aux Américains grâce à ses qualités d’entrepreneur, a, en fait, souvent échoué dans ses entreprises – les steaks qu’il commercialise sous son nom, entre nombreux autres exemples.
Enfin, l’animateur attaque là où ça fait mal: ce nom, Trump, qui vaudrait trois milliards de dollars selon Donald lui-même, est en fait une transformation du patronyme originel de la famille, Drumpf. Un nom “beaucoup moins magique”, rigole Oliver qui encourage ses téléspectateurs à ne plus l’appeler Trump, mais Drumpf. Diffusée sur Internet dans la foulée, l’émission recueille près de 30 millions de vues. Mieux: HBO met en ligne sur Google Chrome Web Store une application qui transforme toutes les occurrences en ligne du mot “Trump” en “Drumpf”. Elle sera téléchargée plus de 450 000 fois. En parallèle, le site de l’émission met en vente, à prix coûtant, 35 000 casquettes siglées “Make Donald Drumpf Again” (“Rendez-nous Donald Drumpf”), écoulées en quelques jours.
Et surtout, “Drumpf” devient le second nom républicain le plus cherché sur Google, juste après Trump, mais devant Ted Cruz ou Marco Rubio, encore en lice dans la primaire républicaine à l’époque. Un résultat qui comble les ennemis de Trump, dans la mesure où les expertises montrent que les noms de candidats les plus tapés dans Google avant une élection désignent souvent les futurs vainqueurs. Trump, qui remporte effectivement la primaire, aurait donc été talonné par la version lucidement ridicule de lui-même: Drumpf.
Donald Trump n’aime pas John Oliver. Un jour, dans une émission de radio, il déclarait que l’humoriste l’avait invité cinq fois dans son émission mais que lui, Donald, avait refusé. Peu probable, en vérité: John Oliver ne reçoit que rarement des invités dans son late show. Contrairement à la plupart de ses pairs.

Society #43

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Illustration pour Les soldats oubliés
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