Numéro spécial élection américaine

Dans l’enfer des glacières

Les migrants venus du Mexique les connaissent sous le nom de hieleras, les glacières. En Arizona, du côté américain de la frontière, la police entasse dans des centres de détention frigorifiés des centaines d'hommes, femmes et enfants dont le seul crime est d'être entrés illégalement aux États-Unis. Prévues pour être provisoires, les hieleras sont, en réalité, le plus souvent de véritables prisons. Jusqu'à quand?
  • Par Emmanuelle Andreani-Facchin, à Tucson et Nogales
  • 15 min.
  • Reportage
Des hommes enveloppés dans des couvertures en Mylar dorment sur le sol et les bancs en béton. Un homme boit de l'eau directement d'un bidon, partagé par de nombreux détenus.
Dr

C’est un morceau de désert un peu perdu et un peu triste, avec quelques vieux entrepôts vaguement déglingués. Le panneau indique “Mariposa road”, la “route du papillon”, mais on comprend vite que l’on n’en trouvera pas ici. Que personne, d’ailleurs, n’en a probablement jamais vu se poser sur ce décor hostile et ingrat, qui crève, même en ce début d’automne, sous les 40 degrés. Après 800 mètres, l’asphalte cède la place à des cailloux pleins de poussière, où quelques camions se font bruyamment balloter.
Là, se dressent une grille en métal, puis des barbelés, qui encerclent un gros bloc en pierre gris foncé, estampillé en énormes lettres blanches: “Border Patrol”. C’est ici, à cinq kilomètres de la frontière mexicaine, loin des regards et de la civilisation, que la “patrol”, la police des frontières américaine, a installé son QG: des bureaux et, surtout, un centre de détention provisoire destiné aux migrants arrêtés après être entrés illégalement sur le territoire. Pour mieux le faire oublier?
La station de Nogales est la deuxième plus grosse des États-Unis, et la principale de l’Arizona. Pour les associations de défense des immigrés et les ONG, elle est aussi, comme les sept autres que compte l’État, une zone de non-droit, un trou noir. Impossible, en effet, de franchir la clôture. “Même pour les avocats, c’est très compliqué d’y pénétrer, témoigne Dan Pochoda, avocat à l’ACLU, une association de défense des droits civiques. Et pendant des années, il a été très compliqué de savoir ce qui s’y passait avec certitude.” Zéro image, peu de données vérifiables. Rien ne filtrait, à part les récits effarés qu’en faisaient les migrants qui y étaient passés. Jusqu’à cet été, quand est tombée une décision judiciaire qui fait dire à Pochoda, avec gravité: “Parfois, la réalité dépasse ce à quoi vous vous attendiez.”

Society #43

Une personne à cheval se tient devant un groupe aligné de policiers en tenue anti-émeute dans un paysage désertique.
Photos: Zen Lefort pour Society

« Nous devons couper la tête du serpent noir »

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Illustration pour Les soldats oubliés
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Les soldats oubliés

Ils ont servi l'armée américaine et l'Amérique leur avait promis leur naturalisation en retour. Mais pour des milliers de soldats immigrés, le rêve a tourné au cauchemar: la nationalité américaine n'est jamais arrivée, et au moindre accroc avec la justice, ils ont été expulsés dans le pays d'origine de leur famille. Reportage au Mexique, à Tijuana, où, à proximité de la frontière, des dizaines de banished veterans survivent tant bien que mal.
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Certains late show

La télé américaine ne serait pas ce qu'elle est sans les late shows, émissions nocturnes et humoristiques où vedettes hollywoodiennes, pop stars et politiciens de premier rang se précipitent pour étaler leur “coolitude”. Et ça marche: plus populaires que jamais, ces shows influencent considérablement la conscience politique des 18-24 ans. En pleine course présidentielle américaine, plongée dans les coulisses de la télé la plus puissante (et la plus drôle) du monde.

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