ÉTATS-UNIS

Dollar noir

Malgré huit ans passés sous la présidence de Barack Obama, les Afro-Américains restent encore aujourd'hui la cible majoritaire de la police et les Victimes collatérales de la lutte économique. S'inspirant des derniers combats de Martin Luther King, la nouvelle génération a donc décidé de frapper là où ça fait mal: dans le porte-monnaie de l'Amérique. Ses principales figures racontent.
  • Par Hélène Coutard
  • 15 min.
  • Reportage
Une femme se tient devant un mur en bois, à côté d'un portrait encadré d'un homme avec des cheveux blancs et une barbe.
Maggie Anderson.REA / JOSHUA LOTT

À l’été 2014, il y eut Eric Garner à New York et Michael Brown à Ferguson. En 2015, Freddie Gray à Baltimore. Le 5 juillet 2016, Alton Sterling à Baton Rouge, en Louisiane. Dès le lendemain, Philando Castile dans le Minnesota. Enfin, le 20 septembre dernier, à Charlotte, Keith Lamont Scott devenait le 173e homme noir à être abattu par la police américaine au cours de la seule année 2016. Parallèlement, au cœur de l’été, alors qu’il faisait 32 degrés sous le soleil de Washington, les gens s’amassaient devant l’Industrial Bank: ils ont été au total 1 500 à venir ouvrir un compte au siège de l’autoproclamée “plus grande et plus vieille banque noire du pays”, pour une valeur d’à peu près 2,7 millions de dollars.
À plus de 1 000 kilomètres de là, dans le quartier de Bronzeville, à Chicago, l’Illinois Federal Savings and Loan, un grand bâtiment moderne, ouvrait à peu près au même moment pour quatre millions de dollars de comptes en banque en une semaine. Et ainsi est né un nouveau mantra: “Black Dollars Matter”, le dollar noir compte. Depuis, sur les réseaux sociaux, le #BankBlack – “banques noires” ou “banquez noir” – fait du chiffre. Puisque l’Amérique blanche les rejette, les Noirs américains ont décidé de se serrer les coudes. “D’investir dans leur propre communauté”, peut-on lire. Et cela passe par le fait d’enlever ses économies des coffres des grandes banques créées par des Blancs pour aller les réinvestir dans des banques historiquement noires, c’est-à-dire créées et dirigées par des Afro-Américains.
À Atlanta, où 54% de la population est noire, la Citizen Trust Bank a reçu 8 000 demandes d’ouverture de compte ces dernières semaines. Solange Knowles et les rappeurs Usher et Killer Mike ont fait part de leur décision de rejoindre le mouvement.

Society #43

Une personne à cheval se tient devant un groupe aligné de policiers en tenue anti-émeute dans un paysage désertique.
Photos: Zen Lefort pour Society

« Nous devons couper la tête du serpent noir »

Lakotas, Cherokees, Apaches, Iroquois, Comanches. En quelques mois, ils sont des centaines à s'être mis en route pour rejoindre Standing Rock, au beau milieu du Dakota du Nord, pour former ce qui est devenu le plus gros rassemble d'Amérindiens depuis les manifestations de Wounded Knee en 1973. Au cœur de leur combat: empêcher qu'un pipeline ne dénature leurs terres sacrées. Et, plus largement, "ouvrir les yeux" de l'Amérique blanche sur leur funeste sort.
Des hommes enveloppés dans des couvertures en Mylar dorment sur le sol et les bancs en béton. Un homme boit de l'eau directement d'un bidon, partagé par de nombreux détenus.
Dr

Dans l’enfer des glacières

Les migrants venus du Mexique les connaissent sous le nom de hieleras, les glacières. En Arizona, du côté américain de la frontière, la police entasse dans des centres de détention frigorifiés des centaines d'hommes, femmes et enfants dont le seul crime est d'être entrés illégalement aux États-Unis. Prévues pour être provisoires, les hieleras sont, en réalité, le plus souvent de véritables prisons. Jusqu'à quand?
Illustration pour Les soldats oubliés
Mario Rodriguez, expulsé en 2005.Photos: Robert Benson pour Society

Les soldats oubliés

Ils ont servi l'armée américaine et l'Amérique leur avait promis leur naturalisation en retour. Mais pour des milliers de soldats immigrés, le rêve a tourné au cauchemar: la nationalité américaine n'est jamais arrivée, et au moindre accroc avec la justice, ils ont été expulsés dans le pays d'origine de leur famille. Reportage au Mexique, à Tijuana, où, à proximité de la frontière, des dizaines de banished veterans survivent tant bien que mal.
Illustration pour Certains late show

Certains late show

La télé américaine ne serait pas ce qu'elle est sans les late shows, émissions nocturnes et humoristiques où vedettes hollywoodiennes, pop stars et politiciens de premier rang se précipitent pour étaler leur “coolitude”. Et ça marche: plus populaires que jamais, ces shows influencent considérablement la conscience politique des 18-24 ans. En pleine course présidentielle américaine, plongée dans les coulisses de la télé la plus puissante (et la plus drôle) du monde.

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