
Il fait un petit 21 degrés, ce 7 juillet. Rien d’exceptionnel pour San Francisco, seule ville de Californie au climat tempéré, comme magiquement épargnée par les incendies qui ravagent tous les étés la région. Mais ici, un autre genre d’incendie se prépare. Le San Francisco Reparations Advisory Committee vient de rendre son rapport -un pavé de 398 pages qui contient plus de 150 recommandations. Devant les marches du City Hall de San Francisco et les caméras de télévision, quelques dizaines de personnes lèvent le poing et applaudissent la sortie des quinze membres du comité. James Taylor se sent soulagé. Ce professeur quinquagénaire, originaire de New York, fait partie du comité en tant qu’historien de la communauté noire américaine. Tinisch Hollins, 44 ans et enfant de la ville, sent plutôt grossir une boule dans son ventre. Elle est heureuse, bien sûr, mais le poids de la responsabilité est lourd à porter. Comme les menaces de mort, les lettres anonymes et les messages laissés sur son répondeur. Pour l’un et l’autre affleurent aussi l’espoir et la fierté. L’espoir que l’Amérique prenne la décision la plus radicale de son histoire. La fierté d’avoir, enfin, poussé son pays à prendre ses responsabilités.