
1. Le blocage
C’est un long cortège jaune, noir et rouge. Emmitouflés dans leurs manteaux, des milliers de Belges de tout âge marchent dans les rues de Bruxelles en cette froide journée d’hiver 2011. Il y a dans la foule des drapeaux, des tambours, des sifflets, des slogans inscrits sur des banderoles et, chez certains, une pilosité naissante. Une pancarte affiche deux mots: “la barbe”, allusion à l’appel de Benoît Poelvoorde à ne plus se raser tant que la Belgique ne disposera pas d’un gouvernement élu. Cela fait alors plus de 220 jours que le pays se trouve empêtré dans une crise politique empêchant la formation d’un exécutif. Le record d’absence de gouvernement en Europe est d’ores et déjà tombé et les espoirs de s’extirper de cette situation rapidement semblent bien minces. De quoi provoquer le ras-le-bol de la population. “Un pays qui n’a pas de gouvernement, c’est comme un être humain sans tête”, résume au micro d’un reporter local un homme d’une soixantaine d’années.