Surpopulation, accès aux soins misérable, interdiction de visites… Depuis 2017, la photographe vénézuélienne Ana María Arévalo Gosen documente la détention des femmes dans trois pays –le Venezuela, le Salvador et le Guatemala.
Prison de Maracaibo. Les femmes y ont le droit de pratiquer un sport, reçoivent un enseignement et participent à des ateliers, en vue de favoriser leur réinsertion une fois leur peine purgée.
Centre de détention de La Yaguara, à Caracas. Parmi les quelque 96 000 prisonniers que compte le pays, environ 3 000 sont enfermés dans des centres de détention comme celui-là, où elles et ils attendent de connaître leur sentence.Au centre de détention de La Yaguara, une jeune femme vient de se lisser les cheveux. Malgré des conditions de détention précaires, l’absence de miroirs dans les cellules et le manque de visites, de nombreuses femmes continuent de prendre soin de leur apparence durant leur incarcération.Keylis, 28 ans, emprisonnée pour trafic de drogue, et Hainni, 17 ans, accusée d’homicide, au centre de détention de La Yaguara. Les deux jeunes femmes tentent d’entrer en communication avec des prisonniers hommes détenus dans la cellule d’à côté.
SALVADOR
Cette détenue a été condamnée à huit ans de prison pour son appartenance au gang Barrio 18, dont elle s’est fait tatouer le nom sur le front. Elle est actuellement incarcérée à la prison d’Ilopango.Une cellule du secteur D de la prison d’Ilopango, dédié aux femmes condamnées pour des activités en lien avec les gangs. Ces détenues ne sont pas autorisées à sortir de leur cellule –et donc à voir la lumière du jour– plus d’une heure par jour. Elles n’ont pas reçu la moindre visite depuis trois ans.Une femme lave sa fille dans la section “maternité” de la prison d’Izalco, la seule de ce genre dans le pays. Selon elle, “être en prison avec ses enfants est un enfer, car les enfants ont des désirs et des besoins que nous ne pouvons pas satisfaire”. Elle a donné naissance à un fils en détention. Il n’a jamais connu la liberté. Si certaines détenues ont le droit de faire sortir leurs enfants de la prison de temps en temps, à condition qu’ils soient accompagnés d’un autre membre de la famille, ce n’est pas le cas des femmes incarcérées pour des liens avec les gangs.
GUATEMALA
Claudia, 31 ans, purge une peine de 50 ans de prison au Centre d’orientation pour femmes (COF) pour “extorsion et homicide sur la personne d’une femme”, un crime qui ne donne droit à aucune possibilité de remise de peine au Guatemala. Elle s’est fait tatouer sur le visage la phrase “T’aimer, c’est souffrir”, qu’elle justifie ainsi: “La vérité, c’est que tout ce qui m’entoure et tous ceux que j’ai aimés depuis que je suis enfant m’ont fait souffrir. Mes parents, ma famille, mes filles, mes conjoints. Je n’ai jamais obtenu ce que j’aurais aimé.”Le COF, la prison pour femmes du Guatemala, abrite 933 détenues, réparties en plusieurs secteurs. Ici, le secteur 3, qui regroupe 167 femmes. L’eau n’y est disponible que deux fois par jour, à 7h et à 10h. Les détenues doivent alors la stocker dans des seaux. Une partie sert pour la toilette, l’autre pour la lessive, le nettoyage et la vaisselle. En avril 2022, l’état d’urgence a été décrété dans la prison en raison d’une suspicion de présence d’armes dans les cellules.Le centre de détention de Huehuetenango compte sept détenues femmes, dont quatre sont issues des communautés autochtones. Estela, 24 ans, qui purge une peine de 25 ans de prison pour meurtre, est l’une d’elles. Elle revêt son vêtement traditionnel à chaque fois qu’elle reçoit une visite.Jessica, ici avec Sergio, le fils d’une autre détenue, au COF. Jessica était enceinte de cinq mois quand elle a été arrêtée. Les enfants qui grandissent en prison ne connaissent pas la liberté avant 4 ans, âge auquel ils sont libérés.