
Une fois encore, les gros titres ont été imprimés en caractères gras, les photos d’époque ont été déterrées des archives et les journaux se sont bien vendus. Aux premiers jours d’octobre 2015, du Guardian au Telegraph en passant par le Daily Express et le Daily Mail, les quotidiens britanniques ont tous fait leurs choux gras de la même info: et si l’énigme Jack l’Éventreur était enfin résolue? Et si l’ombre chapeautée et capée qui gorgea de sang les rues de l’East End londonien entre les mois d’août et novembre 1888 avait enfin un nom? Ce coup-ci, le coupable s’appellerait Michael Maybrick, un ménestrel anglais à la moustache bien peignée qui fit les belles nuits du cancan populaire du XIXe siècle victorien. La théorie, vernie de quelques références maçonniques tendance complotiste, aura nécessité quinze ans d’enquête à son auteur, Bruce Robinson, un réalisateur et scénariste anglais primé aux Oscars et aux Golden Globes. Mais s’agit-il vraiment de la théorie définitive? Peut-être pas, ont dit les journaux. Pas sûr. Il faut voir. Logique: 127 ans après le meurtre le plus célèbre de l’histoire, les coupables potentiels sont tellement nombreux qu’on a fini par arrêter de les compter. Au moins 30, peut-être 40. Voire 100.