
Fairmont Grand Hôtel Kyiv, un jour de fin février. Le cube chic aux faux airs de Park Avenue au bord du Dniepr est recouvert d’une fine couche de neige. Le ciel est bas, gris. Ça donne un air triste à la ville, mais constitue néanmoins une bonne nouvelle pour ses habitants: plus compliqué pour les drones. À l’intérieur du bâtiment, des couloirs interminables. Des salles de conférences majestueuses vides. La moquette étouffe les pas et tout est silencieux. Puis, derrière la porte 408, quelques rires. C’est là que se retrouvent désormais Olga, Julia, Daria, Alyona et Marta, serrées dans une suite transformée en bureau. Là qu’elles, trentenaires en pantalon de costume et baskets blanches, journalistes culture ou beauté, directrice de la rédaction, directrice artistique ou responsable marketing, fabriquent ce magazine qui ne sait plus vraiment de quoi il parle à part d’ici et de maintenant: le Vogue Ukraine. Une femme armée encerclée de ceintures de sécurité, une militaire à la tresse rousse l’air grave, une autre belle et souriante dans son uniforme… Les couvertures des derniers numéros s’étalent dans un coin, les produits cosmétiques reçus, dans un autre.