Rencontre

La mort est dans le pré

Une fois par mois, Nils Müller, 39 ans, réunit son troupeau de bœuf dans un enclos et laisse le hassard décider: armé de son fusil de chasse, il tuera la bête qui l'aura regardé le plus longtemps dans les yeux. L'agriculteur suisse est le seul dans son pays à avoir le droit de pratiquer cette méthode interdite en France, mais que beaucoup d'éleveurs, choqués par les récents scandales impliquant des abattoirs, voudraient voir autoriser. il reçoit chez lui, sur les hauteurs de Zurich.
  • Par Arnaud Guiguitant
  • 14 min.
  • Reportage
Un homme est dans une cabane en bois surélevée, observant un enclos avec plusieurs vaches. L'environnement est verdoyant avec des arbres en arrière-plan.
Stéphane Dubromel

Nils a mal dormi cette nuit. Il dort toujours mal la veille d’un abattage. Éleveur à Forch, une petite commune située sur les hauteurs du lac de Zurich, en Suisse, il s’est réveillé à 6h et doit encore attendre que le jour se lève pour tuer l’un de ses bœufs d’une balle dans la tête. “C’est paradoxal , avoue-t-il. Je tue des bêtes que j’ai vues naître, que j’ai élevées et que j’aime. Je tiens beaucoup à ce cercle de vie. Voilà pourquoi je préfère les exécuter moi-même plutôt que de les envoyer à l’abattoir.” Trente minutes avant la mise à mort, l’agriculteur porte déjà son arme à l’épaule, un fusil de chasse de calibre .22 Magnum. Entre ses doigts, il fait rouler la cartouche qu’il utilisera tout à l’heure: “Avec ça, on tue un animal de 600 kilos, dit-il . C’est le meilleur calibre car 100% de l’énergie reste concentrée dans la tête. La mort est instantanée.”

Un homme portant un casque antibruit vise avec un fusil vers trois vaches dans un enclos. En arrière-plan, on voit un véhicule utilitaire et des installations agricoles.

Society #44

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