
Elle s’installe à la va-vite, tout au bout du parking du Champ-de-Mars, derrière les barrières de sécurité. La borne électrique n’est pas alimentée, elle n’a pas eu le temps de faire la demande à la mairie. Tant pis, un petit bidon d’essence fera l’affaire. Son food truck ouvert, Amandine peut servir ses premières box de ravioles. Descendue de Plan-de-Baix, son village perché dans le Vercors, elle ne sait pas vraiment à quoi s’attendre pour cette soirée. Ce midi, son camion “Food’ mon Terroir” était comme tous les mardis garé près du kiosque, sur le quai des Marronniers. En apprenant sur Facebook qu’une séance de drive-in aurait lieu ici le soir même, elle a décidé de tenter sa chance. “Je n’ai aucune idée de si les gens auront déjà mangé ou pas”, dit-elle en remplissant des verres en plastique de pop-corn. Il est 20h passées ce mardi 19 mai et la police municipale commence à placer une à une les voitures face à un écran géant gonflable de quinze mètres de long, chahuté par le vent. Pour la deuxième semaine de suite, la petite ville de Crest, dans la Drôme, organise une soirée drive-in, gratuite, pour ses administrés. Après La Bonne Épouse mardi dernier, c’est Papi Sitter, le dernier film de Philippe Guillard, avec Gérard Lanvin et Olivier Marchal, qui est à l’honneur ce soir. Deux comédies françaises tout public, sorties juste avant la fermeture des salles. “Je voulais qu’on redémarre presque comme on s’était arrêtés, plutôt que de taper dans du vieux répertoire, justifie Jean-Pierre Point, à la fois premier adjoint à Crest et directeur de L’Éden, le cinéma local, qui fournit la prestation technique. Le drive-in a quelques contraintes, il faut un grand terrain et peu de voitures françaises sont décapotables, donc c’est difficile de regarder le film à l’arrière. Mais dans les conditions actuelles, c’est la seule solution pour rassembler des gens devant un écran de cinéma.”