
Le “pom pom pom” du générique résonne encore dans la tête de tous les amoureux de la faune sauvage qui, chaque dimanche soir de 1969 à 1990 sur la deuxième chaîne de l’ORTF puis sur TF1, ont vu le bestiaire planétaire parader dans l’émission Les Animaux du monde. Le 8 octobre 1969, le plateau reçoit un invité tout droit venu de Brazzaville: le pangolin. Stupéfiant spécimen que celui-ci. Visez sa tête, pointue et effilée, taillée pour passer dans l’orifice d’une fourmilière -le genre de chasse qu’il chérit. Admirez sa très longue langue, qui se replie à l’intérieur de son abdomen et peut atteindre la taille de l’animal une fois dépliée -un cauchemar pour les fourmis et les termites. Examinez les puissantes griffes de ses pattes antérieures, dont il use exclusivement pour creuser -cet extraordinaire mammifère ne marche que sur ses membres postérieurs, à la façon d’un être humain. Observez sa gestuelle: lorsqu’il se sent menacé, ses écailles se rabattent comme des persiennes, et il se met en boule. C’est d’ailleurs ce qu’il fait maintenant sur le plateau, dans les mains du zoologiste Francis Petter: après avoir tenté de mordre le sous-directeur du Muséum national d’histoire naturelle (en vain, puisqu’il n’a pas de dents), le voilà qui se tortille “comme une pomme de pin. Il a les écailles qui s’emboîtent les unes dans les autres”, explique l’expert, qui précise au passage que “ces animaux sont évidemment comestibles, au même titre que pourrait l’être chez nous un lapin de garenne”. Visiblement terrorisée, la bestiole parvient enfin à s’échapper, non sans détruire une partie du décor.