Reportage

Les beaux gosses

Avec deux médailles de bronze olympiques et quelques apparitions télévisuelles, deux frères à lunettes sont parvenus à placer le ping-pong sur la carte du cool en France. Mais ces derniers mois, Félix et Alexis Lebrun avaient déjà réussi l'impensable: conquérir la Chine. En avril dernier, nous les suivions aux championnats du monde pour voir ça de nos propres yeux.
  • Par Pierre-Philippe Berson
  • 16 min.
  • Reportage
Un joueur de tennis de table en plein match, vêtu d'un maillot rouge et noir, prêt à frapper la balle avec sa raquette.
Photos: Emmanuel Serna pour Society

Le ping pong est entré dans sa vie, mais elle ne sait plus par quelle porte. Était-ce le “choc esthétique” de la vitesse des balles? Ou bien les “jolis visages” des stars de la raquette? Lan Wang ne se souvient plus trop et, de toute façon, peu importe, elle est pressée. Dans une trentaine de minutes, son chouchou entrera en piste. Dans les travées de la Galaxy Arena de Macao, pour ces championnats du monde de tennis de table, les 16 000 sièges ne sont pas tous occupés mais ceux des premiers rangs affichent déjà complet, en cette mi-avril. Alors Lan Wang court, Birkenstock aux pieds et tote bag à l’épaule. Cette professeure d’arts plastiques de 28 ans employée par l’université de Foshan, à une heure de route de Macao, s’était déjà rendue à Doha, au Qatar, en janvier dernier pour assister à un tournoi du circuit mondial. Le mois suivant, elle était à Busan, en Corée du Sud, pour les championnats du monde par équipe. Cet été, elle aurait aimé faire le voyage à Paris, mais “les billets sont partis trop vite”. Quand elle ne se déplace pas, cette “accro” au tennis de table se rabat sur son téléphone et suit les matchs sur CCTV-5, la chaîne chinoise dédiée aux sports, ou sur l’appli de streaming Migu. Car depuis quelques mois, Lan Wang s’est entichée d’un petit nouveau, Félix Lebrun. Elle l’appelle affectueusement “Félix”, sans son nom de famille -prononcé “Le Bu Lun” en chinois. Dans quelques minutes, il affrontera le Taïwanais Kao Cheng-jui, après quoi Lan Wang se ruera en bas des tribunes pour arracher un regard, un selfie, peut-être mieux. “J’ai croisé Félix dans un restaurant à Busan, papillonne la jeune femme. Il était avec son frère, Alexis, ils nous ont dit ‘Salut’ , aussi timides que nous, ils ont rougi. C’était mignon. J’espère le recroiser ici.” Pourquoi tant d’amour? Lan Wang cherche ses mots. “Dans la vie, il y a deux choses qui me rendent heureuse, finit-elle par dire. Taylor Swift et Félix.”

Society #238

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